Ce n’est pas un pays riche. Pas encore. Mais les opportunités d’investissement en Roumanie sont encore largement sous-exploitées. Et exploitables. Avec des incitations et des réformes récentes, qui vous facilitent désormais la vie. À condition, attention, d’être sérieux et pros. Amateurs déconseillés.
Il fut un temps, au lendemain de la chute du régime communiste en 1989, où la Roumanie était le paradis facile des marchands/opportunistes de tous pays, y compris des Libanais. Un marché encore désorganisé, mais en pleine ébullition, qui offrait des occasions uniques, même à des entrepreneurs passagers. Aujourd’hui, avec une santé économique qui tend petit à petit vers les normes européennes, le 2e plus grand marché d’Europe de l’Est, après la Pologne, a toujours beaucoup d’atouts mais également des exigences.
Nous sommes au début des années 90 : il y a d’une part les sérieux, qui voient dans le marché roumain une chance de créer et de bâtir un business durable qui portera ses fruits une fois le pays rétabli. Et d’autre part les opportunistes, qui ne cherchent qu’à rafler une ou deux affaires ponctuelles pour disparaître aussitôt et échapper aux taxes. Ceux-ci profitent de l’anarchie post-Ceausescu : frontières ouvertes à tous les trafics et une administration démontée, mais pas encore remontée.
Les premiers, par contre, croient fermement dans l’investissement à long terme sur un marché vierge où toutes les idées sont réalisables avec un capital minime pour le démarrage. Parfois, on n’avait pas besoin de plus de 10 000 $. Mais ces entrepreneurs sérieux n’avaient pas trouvé à l’époque un climat très favorable. Leurs démarches, qui se doivent régulières, ont souvent buté sur une bureaucratie désuète, une fiscalité pénalisante, des régulations bancaires lourdes et un État centraliste omniprésent.
Erreurs de jeunesse
«Nous avons visité Bucarest en 1997 pour nous procurer des équipements, raconte Bachar Boubès, propriétaire des “Modern Mills of Lebanon”, qui revendique près de 40 % de la production libanaise de farine. Cela nous a suffi pour mesurer le potentiel du marché : 6 millions de tonnes de blé par an (contre 400 000 tonnes pour le Liban) mais pas assez de moulins pour les transformer en farine et répondre à une demande très élevée».
La matière première étant bon marché et les coûts de fonctionnement moins chers qu’au Liban, la décision de produire sur place est rapidement prise, les équipements et le terrain, à 10 km de Bucarest, achetés en un clin d’œil. «Pourtant, nous avons dû attendre 1999 pour pouvoir démarrer, remarque Boubès. Tout n’était pas encore organisé comme aujourd’hui, et nous nous sommes perdus dans le labyrinthe des formalités interminables, avant de pouvoir achever la construction du moulin».
Même démarrage difficile pour Convertex Liban, spécialiste en packaging, un des leaders du marché libanais sur ce secteur, avec une présence régionale (Irak, Jordanie, Égypte) depuis les années 70. Convertex a commencé par exporter ses produits vers la Roumanie avant de décider de s’y installer en 1997 et devenir le premier fournisseur d’emballage flexible pour les marques roumaines de biscuits, glaces, chips et café moulu. «À part l’importance du marché local, l’un des avantages de s’installer à Bucarest était d’exporter également vers d’autres pays européens avec de meilleures marges de bénéfices, explique Samir Kilani, l’un des frères Kilani propriétaires du business et gérant de l’affaire libanaise en Roumanie. Cependant, le système roumain ne concevait pas de nous livrer un certificat d’origine, sous prétexte que nos matières premières étaient importées, bien que le produit fini soit bel et bien fabriqué sur place. Ce n’est qu’en 2001 que nous avons pu obtenir les documents pour l’exportation, quand nous avons commencé à nous approvisionner en polyéthylène d’une usine locale».
Tendance exponentielle
Ceci dit, les businessmen libanais s’empressent d’affirmer que, malgré des débuts administrativement difficiles, leurs affaires ont pris rapidement des dimensions importantes, ce qui les pousse aujourd’hui à y réinjecter de nouveaux capitaux et miser plus encore sur l’avenir du pays. «Notre usine, qui occupe aujourd’hui 3 400 m2 et compte 30 employés, réalise un chiffre d’affaires d’environ 4 millions $ par an», précise Kilani. Un chiffre appelé à doubler dans les années à venir, puisque Convertex compte se diversifier pour mieux répondre à une demande sans cesse croissante. «Par ailleurs, ajoute-t-il, le fait que l’une des matières premières principales peut être achetée désormais sur place nous a permis d’économiser 10 % sur nos coûts et de réduire nos stocks».
Bachar Boubès se déclare, lui aussi, satisfait des résultats de son entreprise : «La demande actuelle du marché roumain en farine est toujours trois fois plus importante que l’offre locale ; nous avons donc décidé d’agrandir la surface du moulin et d’ouvrir nos propres boulangeries, tout en continuant à livrer la farine aux autres détaillants. Notre projet est de créer, à terme, un groupement industriel pour produire et distribuer tous les produits dérivés du blé, dont les pâtes (spaghetti) et les fourrages».
Nombre d’entrepreneurs libanais, arrivés à la même époque, se sont démarqués sur d’autres créneaux, notamment l’agroalimentaire. Mais alors que les Libanais étaient environ 10 000 il y a 10 ans, parmi lesquels beaucoup d’étudiants universitaires, nos compatriotes résidents en Roumanie ne sont plus que 2 000 aujourd’hui, selon l’ambassade de Roumanie au Liban, dont quelques dizaines de gros entrepreneurs et des centaines de créateurs de PME ou de magasins, à part les cadres salariés et un certain nombre d’étudiants. En tout cas, une sorte de sélection naturelle s’est effectuée depuis la première ruée. En privilégiant les plus sérieux. «Beaucoup sont repartis vers le Kazakhstan et autres jeunes pays de l’Asie centrale chercher de nouvelles opportunités», nous dit l’un de ceux qui ont vécu toute la période postcommunisme.
Ceux qui restent, ayant fait de lourds investissements ou trouvé des niches rentables, subissent néanmoins la réputation légèrement ternie des Arabes en général et des Libanais en particulier, qui ont exploité le désordre d’il y a 10 ans.
Le hic des visas
Est-ce cela qui pousse encore les autorités à davantage de vigilance concernant les visas et permis de séjour ? En partie oui, confirme l’ambassade roumaine au Liban, qui préfère avoir des preuves de bonne volonté et de sérieux sur le demandeur de visa d’affaires avant de prendre des risques. La liste des documents à fournir n’est pas a priori rédhibitoire (voir encadré), mais le délai nécessaire pour achever les formalités varie entre 15 jours et un mois, aussi bien pour les touristes individuels (hors tour-opérateur) que pour les hommes d’affaires.
«Nous avons eu récemment besoin d’envoyer un de nos employés libanais pour régler un problème technique dans notre usine roumaine, raconte Samir Kilani, mais nous avons attendu un mois et demi avant d’obtenir un visa et intervenu plusieurs fois auprès de l’ambassade à Beyrouth. Entre-temps, notre travail sur place a été retardé. Pourtant, les autorités connaissent bien la valeur de notre capital en jeu».
Pour les visiteurs fréquents, c’est le permis de séjour qui se fait attendre. Les hommes d’affaires libanais qui ont lourdement investi considèrent qu’il est injuste de leur imposer de suivre les mêmes formalités que les simples travailleurs pour l’obtention et le renouvellement de leur carte de résidence. Enfin, solution ultime : obtenir la nationalité ; ce qui est possible après 10 ans de séjour.
Réforme accélérée
Cet engouement, loin d’être négatif, prouve à quel point ces entrepreneurs tiennent au marché roumain et souhaitent que ce dernier obstacle administratif tombe à son tour, puisque sur d’autres plans l’évolution qui s’est opérée dans le pays est surprenante : «À chaque nouvelle visite, nous remarquons des changements, note Bachar Boubès. Les formalités sont devenues plus faciles, il n’y a presque plus de pots-de-vin à payer aux fonctionnaires, et la réforme économique s’est ressentie dans le niveau de vie de la population, avec une classe moyenne qui se développe. Pour la petite histoire, il y a 10 ans, nous ne voyions circuler dans les rues de Bucarest que des voitures roumaines, les Datias. Aujourd’hui, il n’y a plus que des Renault et autres marques européennes». N’empêche que le PIB par habitant est toujours faible, près de 2 000 $, soit la moitié du ratio libanais.
Les analystes économiques s’accordent à donner à la Roumanie le mérite d’avoir réussi une évolution lente, mais sûre vers l’économie de marché, par opposition à la thérapie de choc polonaise. Grâce à un plan de réformes progressif mis en place par les autorités, la relance s’est opérée petit à petit entre 1999 et 2002. Le PIB a enregistré une évolution de 3 à 5 % par an depuis 2000. Et au premier semestre 2002, il a gagné en valeurs réelles 4,4 % par rapport à son niveau de l’année précédente. En 2002 également, la consommation des ménages a enregistré une augmentation de 3,3 % par rapport à 2001. Une relance qui n’est pas prête de s’essouffler puisque, selon The Economist Intelligence Unit, l’année 2003 connaîtra une croissance économique de 5,2 %.
Au niveau de l’Administration, on assiste à des efforts considérables pour éradiquer ce qui reste de la corruption, condition par ailleurs pour l’adhésion du pays à l’Union européenne en 2007. Dans les entreprises aussi bien que dans les établissements publics, la pénurie de compétences managériales, qui était jadis la règle, commence sérieusement à être comblée par une nouvelle génération de cadres, détenteurs de diplômes universitaires et de MBA des grandes écoles roumaines ou européennes.
Les grands pionniers
Pour rendre le climat plus propice aux investissements, les autorités ont multiplié les réformes pour offrir les garanties et privilèges les plus alléchants (voir les lois sur l’investissement). L’investissement étranger direct a ainsi connu une croissance soutenue les cinq dernières années et s’est élevé en 2002 à 1,3 milliard $. En tête de liste des investisseurs stratégiques, on trouve les Français, avec l’arrivée d’entreprises comme Lafarge, Renault, Vivendi, Alcatel et la Société Générale, puis les Turcs, notamment dans le secteur immobilier, et les Israéliens, dont beaucoup sont dans le business des casinos…
Mais un des casinos appartient à des Libanais. Qui se sont d’ailleurs illustrés dans d’autres domaines : le poulet où les Libanais sont dominants ; viande et dérivés (famille Solh) ; café et chocolat (les Jabra) ; le bois (famille Jabado) ; poulet (Mounir Halawani) ; boissons alcoolisées (Pierre Gemayel) ; grande distribution et poulet (les frères Sarkis, concessionnaires au Liban des voitures Samsung, entre autres activités) ; marbre (famille Boury) ; réseau GSM (groupe Hariri, qui vient de relancer l’affaire après un mauvais démarrage) ; etc. etc. (voir tableau).
Un secteur intéressant et qui n’a pas encore été pleinement exploité est celui des hôtels et des restaurants, privatisé en grande partie l’année dernière. Il représente une opportunité en or pour nos professionnels du tourisme ; le pays promet à court terme un développement de l’activité touristique d’hiver (sur les montagnes) et d’été (mer Noire et à l’intérieur du pays). Même les restaurants libanais sont encore peu exploités. D’ailleurs, à partir du Liban, les offres de séjour touristique en Roumanie sont rares. L’année passée, Nakhal était pratiquement le seul à proposer, pour quelque 600 $, une semaine à Costanza en été. La compagnie nationale Tarom dessert Beyrouth deux fois par semaine.
Vers l’État de droit
«J’encourage quiconque à la recherche d’un investissement rentable de tenter sa chance en Roumanie, commente Bachar Boubès. La relance économique et les perspectives sont très encourageantes». Mais les intéressés doivent savoir que le temps où l’on pouvait compter sur un quelconque désordre pour réaliser des affaires à la limite du légal est révolu. Aujourd’hui, pour pénétrer sur le marché roumain, il faut investir du temps, de l’argent et de l’énergie et surtout prendre des risques. Il faut compter un minimum de 100 000 $ pour une affaire moyenne, et il est préférable de posséder la totalité du capital, étant donné la difficulté d’obtenir des facilités de crédit, malgré la présence récente d’une dizaine de banques étrangères.
Toute entreprise qui s’installe aura en plus intérêt à tenir une comptabilité sérieuse et suivre les règlements à la lettre, car elle ne pourra pas échapper au contrôle régulier de l’État que ce soit pour les recettes, les taxes… ou les licences des logiciels Microsoft. Une double comptabilité (comme cela se fait parfois au Liban) n’est plus rentable. L’entreprise qui s’installe devra cependant prendre en compte une certaine insécurité sur le plan foncier. On a signalé des cas où un même terrain a été vendu plusieurs fois à différentes personnes. Et surtout de multiples procès sont en cours, puisque d’anciens propriétaires tentent de récupérer leurs terrains jadis expropriés par l’État communiste.
Un an pour parler roumain
Pour sa part, un chef d’entreprise, ou un cadre, n’aura pas besoin de plus que 1 à 2 ans pour apprendre la langue roumaine (d’origine latine), surtout s’il est francophone ou même anglophone. D’ailleurs, la francophonie est assez bien répandue. Mais on doit rester ouvert aux différences culturelles, car on ne “manage” pas un employé roumain comme un libanais ou un français.
Avec 23 millions d’habitants, la Roumanie possède à son crédit plusieurs avantages : main-d’œuvre bon marché et qualifiée, surtout en nouvelles technologies. Avec des salaires très compétitifs. Il faut compter un salaire brut de 240 $ pour un comptable qui ferait de la saisie informatique et 80 $ pour un ouvrier non qualifié. Autre avantage : des ressources naturelles riches (agriculture, pétrole et gaz naturel), secteur touristique à haut potentiel, immobilier à prix réduit.
Presque 13 ans après la chute du régime communiste, la Roumanie est invitée à adhérer à l’Alliance atlantique dès 2004 et rejoindre l’Union européenne en 2007. Si elle ne présente plus aujourd’hui des occasions hors du commun, elle reste un marché intéressant dans le sens où, selon la majorité des opinions, le retour attendu sur investissement, par rapport au risque pays, est sans doute l’un des meilleurs. Et, pour un expatrié plutôt aisé, on s’accorde à dire que la qualité de vie est remarquable au niveau loisirs, culture... Ce qui ne gâche rien.
=== Cadres ===
Des règlements qui favorisent les investissements
Le cadre législatif réglementant les investissements en Roumanie a fait l’objet de plusieurs réformes successives, dans le but de rendre le climat plus propice aux investissements étrangers directs. En 2001, deux nouvelles lois dans ce cadre ont été votées. En voici les grandes lignes :
• Loi 332/2001. Elle encourage les investissements ayant un “impact direct” sur l’économie, autrement dit les investissements d’une valeur supérieure à 1 million $ visant à développer et moderniser les infrastructures productives et créer des emplois, et ce dans différents secteurs, à l’exception des banques et de l’assurance qui font l’objet de lois spécifiques.
Les bénéfices promis aux investisseurs dans ce cadre sont :
- exonération des droits de douane sur les équipements importés nécessaires à l’investissement (installations, machines, appareils de contrôle, logiciels) ;
- abattement fiscal de 20 % sur la valeur des nouveaux investissements ;
- paiement différé de la TVA à deux mois après le début de l’activité ;
- report du déficit fiscal sur cinq ans et sa déduction du bénéfice imposable ;
- application de la dépréciation accélérée, sans l’obligation d’obtenir un accord préalable des autorités fiscales ;
- possibilité pour l’investisseur de gérer sa société librement, en exerçant les pleins droits de propriété ;
- droit au rapatriement total du capital et des profits ;
- protection contre l’expropriation et la nationalisation.
• Loi 490/2002. Elle porte sur la création et le mode de fonctionnement des zones industrielles. Mêmes privilèges et incitations fiscales que la loi 332, avec en plus l’exonération des taxes dues à la modification de l’utilisation d’un terrain ou la transformation d’un terrain destiné à l’agriculture en facilité industrielle.
Documents nécessaires pour le visa
• Visa d’affaires :
Valable pour une période de 1 à 3 mois, destiné surtout aux entrepreneurs de passage pour des pourparlers ou prospection en Roumanie, ou des échanges commerciaux entre les deux pays :
- lettre d’invitation d’une société roumaine, approuvée par l’Autorité des étrangers en Roumanie ;
- la preuve (compte en banque) d’avoir les moyens de subsister lors du séjour à raison de 100 euros par jour ;
- une assurance médicale internationale.
Visa pour une période supérieure à 3 mois, destiné aux personnes actionnaires à – ou gérant des sociétés en Roumanie :
- approbation de l’agence roumaine des investissements étrangers ;
- une assurance médicale internationale ;
- casier judiciaire vierge.
• Visa tourisme :
- demande présentée par une agence de voyages ou un réseau touristique roumain, approuvée par l’Autorité des étrangers en Roumanie ;
- la preuve (compte en banque) d’avoir les moyens de subsister lors du séjour, à raison de 100 euros par jour ;
- une assurance médicale internationale.
Échanges modestes…
La Roumanie a exporté vers le Liban en 2002 près de 82 millions $ contre 32 millions en 2001. Il s’agit principalement des produits dérivés du pétrole, bois, prêt-à-porter, produits chimiques, animaux et acier.
Le Liban a exporté vers la Roumanie un peu plus que 1 million $, contre le double en 2001 : principalement des produits agroalimentaires, agrumes, textiles, huile d’olives.
… et accords économiques
• Signés à Bucarest en 1994 : accord sur la promotion et la protection réciproque des investissements ; accord commercial et de coopération économique.
• Signés à Beyrouth en 1995 : accords sur la coopération dans les domaines du transport maritime, du transport routier international des personnes et des marchandises ; ainsi qu’un protocole de coopération dans les domaines des travaux publics et de l’aménagement du territoire.
• Signés à Bucarest en 1995 : convention permettant d’éviter la double imposition et l’évasion fiscale ; accord sur la coopération dans le domaine touristique.
• Signés à Bucarest en 2002 : convention sur la coopération dans le domaine sanitaire et vétérinaire ; puis dans le domaine de la protection des plantes.
Pour en savoir plus
Il n’y a pas encore d’association d’hommes d’affaires libano-roumaine pour faciliter les échanges. Mais les organismes existants sont suffisants pour répondre aux questions essentielles, depuis l’ambassade à Beyrouth, dont le staff est très coopératif et efficace, jusqu’aux organismes spécialisés en Roumanie. De plus, les sites énumérés ci-après sont bien fournis :
• Romanian Foreign Trade Center
Site : www.traderom.ro
E-mail : [email protected]
• National Association of Romanian Exporters and Importers
Site : www.aneir-cpce.ro
E-mail : [email protected]
• Ambassade de Roumanie au Liban
Baabda, route du palais présidentiel
Tél. : 05/924848
Fax : 05/924747
E-mail : [email protected]
Florin Tarabuta (2e secrétaire – affaires économiques)
• Chambre de commerce et d’industrie (Roumanie et municipalité de Bucarest)
Site : www.ccir.ro
E-mail : [email protected]
• Chambre de commerce bilatérale Roumanie-Liban
Adresse en Roumanie : Bucarest, 70 J. L. Calderon 70 Str.
Tél. : +40-1-6150533.
Sensiblu : les Libanais
qui ont révolutionné la pharmacie
Carole Zaka
Quel Roumain (ou plutôt Roumaine) ne connaît pas la nouvelle chaîne de pharmacies Sensiblu, ouverte 24h/24, 7j/7 ? Tout a été choisi pour plaire à une clientèle essentiellement féminine, à commencer par le nom qui évoque une vision moderne de la femme.
Créée en 1997, la chaîne compte aujourd’hui 55 pharmacies louées et gérées à travers le pays, essentiellement à Bucarest, où les Roumaines peuvent s’approvisionner en libre service dans un grand espace de produits cosmétiques et parapharmaceutiques. Une ascension fulgurante pour ce nouveau concept de la pharmacie jusqu’alors inconnu en Roumanie. Le pays avait hérité de l’ancien régime de pharmacies vétustes et mal éclairées, où les produits placés derrière une cloison vitrée sont inaccessibles au client. La chaîne détient aujourd’hui 5 % du marché pharmaceutique au détail du pays. Dans ces pharmacies, on y vend aussi bien des médicaments qui nécessitent, ou non, une prescription, qu’une large gamme de produits parapharmaceutiques et cosmétiques. Un pharmacien diplômé est présent dans chacune de ces pharmacies. Mais qui sont les auteurs de cette percée exceptionnelle ?
Le Libanais Walid Abboud et le Français Ludovic Robert nourrissaient le rêve de faire fortune dans les pays émergents dès leur sortie de l’Essec (France) en 1993. C’était la Roumanie pour l’un, la Chine pour l’autre. Ils finirent par tenter l’aventure roumaine en 1994. Ils seront rejoints trois mois plus tard par Michel Eid et Roger Akoury, deux autres camarades d’université de Walid Abboud, rencontrés sur les bancs de l’USJ en faculté de sciences économiques.
En commençant par les cercueils
Mais on se demande comment choisir son activité dans un pays où tout ou presque était encore à faire. Les partenaires ont d’abord opté pour la fabrication de cercueils avant de changer de cap. «On a jugé que les clients des médicaments seraient bien plus fidèles», répond Walid Abboud, dans un demi-sourire. En effet, ils avaient commencé à leur arrivée par étudier l’exportation de bois manufacturé, pour tirer profit d’une main-d’œuvre peu chère, et du grand réservoir de bois qu’est la Roumanie. Et ont même contacté un des leaders de pompes funèbres en France pour lui vendre des cercueils. Jusqu’au jour où une jeune fille demande à Ludovic de lui ramener une boîte d’aspirine UPSA de France. Il fallut moins d’une minute pour que ça fasse tilt dans l’oreille des jeunes entrepreneurs. Il s’est trouvé qu’UPSA cherchait un nouveau distributeur en Roumanie. Les ingrédients de départ : une idée, une opportunité, beaucoup de persévérance – et 20 000 $.
Les quatre partenaires décidèrent de se spécialiser d’abord dans la promotion et la distribution de produits OTC (Over The Counter – sans prescription médicale), activité bien différente de la promotion classique chez les médecins des produits dits éthiques. De plus, la livraison aux pharmacies était inconnue jusque-là en Roumanie : les pharmaciens allaient eux-mêmes s’approvisionner auprès des grossistes. C’est en allant au devant des pharmaciens et en faisant auprès d’eux la promotion des produits, qu’ils créèrent ainsi un nouveau marché. UPSA fut suivie de beaucoup d’autres marques confirmées sur le marché international, comme les produits dermo-cosmétiques Pierre Fabre, Durex, Strepsils, Panadol. Jusqu’à devenir aujourd’hui le leader du marché OTC importé. Depuis 1997, le chiffre d’affaires du groupe a connu une croissance annuelle de 50 %.
De l’importation et de la distribution en gros, les quatre sont ensuite rapidement passés à la création de la chaîne pharmaceutique Sensiblu, un nom inventé qui groupe le mot “sensible” (en roumain comme en français) et la racine anglaise blue. Les effectifs dépassent aujourd’hui 1 000 employés.
Rien d’importé du Liban
Selon Walid Abboud, pour les médicaments qui nécessitent une prescription, il faut que le fournisseur constitue un dossier assez complexe pour obtenir la permission de vendre en Roumanie et en Europe en général. Ceci expliquerait le manque d’intérêt des producteurs libanais de médicaments pour le marché roumain.
Pour les autres produits sanitaires et cosmétiques, le groupe a tenté d’importer certains produits libanais en Roumanie. Mais il s’est avéré que les fournisseurs concurrents européens offraient bien plus d’avantages, tant pour le prix qu’au niveau des modalités de paiement, pour une image de marque supérieure. D’autant que les droits de douane intra-Europe sont nettement moins élevés que pour les produits libanais. Exemple : un produit sanitaire italien a été récemment préféré à son équivalent libanais pour son prix inférieur, mais aussi parce que le fournisseur a offert instantanément un délai de paiement de 3 mois, alors que le fournisseur libanais avait exigé un paiement à l’avance.
=== Tableau ===
Échantillon des investissements libanais en Roumanie
Société Actionnaires libanais Part (%)
Romanel International Group SA Universal Trading Company SAL 96,54
Librom Construct SRL Nabil Faraj Lakis 60,50
Sorel Trading SRL Hassan Osman Alameddine 37,50
Silva Carpat Prodimpex SA Universal Trading Company SAL 99,45
Rimco SRL El-Solh Talal Mohamed Fawzi 79,12
Jafco Holding Romania SA Jaffal Imad Mahmoud 93,49
Romastru Trading SRL Pharaon Holding 55
Interbrand SRL Sarkis Sarkis ND
Sombrero SRL Fadi Raymond Nahas 53,40
Sugar Land Industrie SRL Haissam Najib Chreif 100
Agat Prod SA Abou Jaoudé Antoinette 40
Midia International SA Faro International 39,30
Mon Plaisir Servicii SA Mohamed Diab Chraif 40
Maria Trading SRL El-Khalil Jihad Ibrahim 47,50
Tami 2 SA Khalil Youssef Abou Jaoudé 41,01
Supreme Imex International SRL Johnny Maurice Jabra 100
Marshall Plastic Prod. Co SRL Ramez Hanna Abdo Nasri 98,94
La Fourmi SA Souhail M. Holaihel 26
Star Rom Production SRL Ramez H. Abdo Nasri 97,60
Primola Prodimex SRL Johnny Maurice Jabra 49,99
Sun Industries SRL Riad Hussein Fawaz 90
Titan Echipamente Nucleare SA Bertrand Frères et Compagnie 87,19
Al-Ghazal Coffee & Roastery SRL Chéhab Aref Ghazal 89,33
Rom Amani SRL Chady Youssef Zeidan 100
City Center Import-Export SRL Mohamed Jihad Sami el-Fakih 85
Romagro Cereal SRL Imad Chukrallah Nasrallah 70
Print Pack Prod SRL Hossam Issam Jamaleddine 55,05
Mixalim Impex SRL Halawani Chafic Mounir 25,40
Caroli Prod 2000 SRL Lana Mounir Halawani Talal el-Solh 50
Remat SA Abbas Mohamed Tawil 25,78
Supreme Distribution Constanta SRL Jabra Johnny Maurice 98,96
Floreasca Plaza SA Kégham Khanamirian 13,75
F & F Company Impex SRL Habib el-Khoury 85
Unitec Prodex SA Unisource Investment Co. SA Liban 40
Maya Company Comimpex SRL Mohamed Salem el-Maarraoui 100
A & M Shopping Bag Factory SRL Khanafer Atef 95
Oil Simex Trading SRL El-Khalil Jihad Ibrahim 97,17
Niran Co. Impex SRL Fadi Ahmed Hammoud 90
Plaza Casino Club SRL Adel Thouma Khoury Daoud 100
New Link SRL Amal Kamal Sareydine 10
Dipro Plast SA Khacheiche Hassan 14
Romgaz Distributie SA Bakri Imad Abdul Reda 75
Notes :
• Ces investissements, dont les données de base ont été préparées par les autorités roumaines, via son ambassade à Beyrouth, ne couvrent pas ceux effectués par des Libanais (personnes physiques et morales), mais enregistrés sous une autre nationalité. Les noms des partenaires libanais sont mentionnés sous la forme transmise par les autorités roumaines.
• La part (%) indique la participation libanaise aux sociétés mentionnées.
• Le domaine d’activité est généralement précisé dans la raison sociale. Mais les investissements couvrent souvent plusieurs activités.


