Au Liban, le pop art est plutôt rare. Question de goût ou de méconnaissance ?
Pourtant, il pourrait constituer un bon placement.

Le mot est d’abord apparu en Grande-Bretagne au milieu des années 50 pour désigner, plus particulièrement dans les arts décoratifs, une tendance à reprendre et à imiter les images stéréotypées des mass media : cinéma, publicité, bandes dessinées et autres produits destinés à la consommation.
Un nouvel état d’esprit s’instaure en art ; il va prédominer, dans les années qui voient un phénomène de mondialisation de la musique populaire, du “Rock Around the Clock” de Bill Haley en 1955 au triomphe des Beatles en 1963. De l’émergence d’un mode de vie moderne rayonne un dynamisme qui irradie toute la vie artistique, dans l’Ancien comme dans le Nouveau Continent.
Le pop art provoque, dans les années 70, aux États-Unis deux réactions aussi violentes que contradictoires : le minimal art et l’hyperréalisme.
Les artistes ont volontiers magnifié les aspects les plus terre à terre de la culture d’une société de consommation (boîtes de Brillo et de soupe Campbell de Warhol, chaussures à talons démesurés de Jones, bande dessinée de Lichtenstein). Et ils l’ont parfois fait avec humour (téléphone mou, gâteaux en plâtre d’Oldenburg). Mais leur attitude est, dans l’ensemble, restée formaliste. Réhabilitant l’image, le pop art adopte un traitement “froid” de la peinture, sans trace d’expression individuelle qui parodie la technologie. En guise de sculptures, les artistes agrandissent démesurément des objets de série produits par l’industrie. Même la chaise électrique de Warhol n’est pas un message plus explicite que les portraits de Marilyn Monroe qu’il exécute au même moment (1963).
Ce n’est qu’avec les années 60 qu’apparaît une violente dénonciation de l’ordre social chez le Californien Peter Saul, puis chez quelques Européens de même inspiration. Avec le pop art, l’histoire de l’art fait un retour sur elle-même et reprend le cours de sa “narration”. La peinture change d’apparence, de référence et
de sujet !
La courbe du pop art est en progression régulière à l’image de l’intérêt accru qui se manifeste autour de ce mouvement, surtout autour de la production d’Andy Warhol, omniprésente tant par la quantité d’œuvres que par les prix élevés qu’elles peuvent atteindre. Deux archétypes du travail de Warhol ont ainsi atteint des sommets lors des ventes de novembre dernier (voir le tableau des ventes de Warhol). L’investissement est donc conséquent, mais la plus-value à terme pourrait être intéressante.

Les Libanais et le pop art

Dans certaines familles libanaises de collectionneurs avertis, nous pouvons trouver quelques œuvres du pop art, même si les galeries d’art de la place n’en possèdent pas. Cependant, des boutiques vendant des affiches proposent des reproductions d’œuvres de Warhol. Encadrée, une belle affiche se vend 100 $.
Au cours du Salon d’art contemporain qui se déroulera à Beyrouth en juillet prochain, certaines galeries parisiennes proposeront des lithographies et sérigraphies pop art, signées et numérotées, pour des prix allant de 300 à 800 $ (en fonction du format, de la technique et du nombre de l’édition).
Pour les Libanais “voyageurs”, à Paris au centre Georges Pompidou et jusqu’au 18 juin prochain, ils pourront en savoir plus sur ce mouvement artistique, grâce à une exposition pluridisciplinaire qui retrace la création issue des mouvements “pop” dans le domaine des arts plastiques, de l’architecture, du design, du film et de la musique. Et comme c’est le cas dans de telles manifestations, des copies pourraient être mises en vente.