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Du gaz en eaux troubles : le potentiel pétrolier du Liban

L’île de Chypre a délimité une zone maritime de 51 000 kilomètres carrés qu’elle a divisée en 13 blocs d’exploration pétrolière. Une première attribution de licences a eu lieu en 2007 et une seconde est prévue au second semestre 2011. La compagnie américaine Noble Energy, qui est également active en Israël, a obtenu la concession de blocs d’une surface de 1 250 square mile dont l’un est limitrophe du Liban et un autre d’Israël.
Il n’existe pas d’estimation des réserves chypriotes, aucun forage n’ayant encore été réalisé. Noble est cependant obligée par contrat de commencer les forages entre octobre 2011 et octobre 2013. « Nous saurons avec exactitude ce que recèlent nos fonds marins au printemps 2012 », a déclaré Solon Kassinis, le chef du département de l’Énergie au ministère chypriote du Commerce et de l’Industrie qui s’est dit sûr à « 1 000 pour cent » de découvrir des gisements dans la zone économique exclusive de l’île.
D’où l’insistance des autorités chypriotes à conclure des accords frontaliers avec ses voisins libanais et israélien. « L’enjeu est économique pour Nicosie : les compagnies pétrolières considèrent qu’elles prennent davantage de risques si le partage des ressources futures n’est pas d’ores et déjà déterminé », explique un expert.
Chypre a déjà signé des accords avec l’Égypte et le Liban et tout récemment avec Israël. Mais hormis le premier, les deux autres n’ont pas encore été ratifiés et la Turquie a clairement fait savoir qu’elle considérait ces textes comme « nuls et non avenus », car ils ne tiennent pas compte selon elle des “droit” » des Chypriotes turcs.
L’île est divisée en deux depuis 1974, la partie grecque étant reconnue par la communauté internationale, tandis que la partie turque n’est reconnue que par Ankara. Des négociations de réunification ont débuté il y a deux ans, mais sont au point mort. Pour la Turquie, les pays de la région doivent éviter toute action dont l’impact pourrait être négatif sur les discussions interchypriotes. Nicosie réplique que l’exploration pétrolière est un droit chypriote souverain.
Recevant le ministre chypriote des Affaires étrangères le 22 janvier, le ministre démissionnaire Gebran Bassil a une nouvelle fois dit espérer l’envoi rapide de l’accord libano-chypriote au Parlement. « Les Chypriotes pourraient dans le cas contraire, et on ne peut les en blâmer, choisir de commencer les forages près des frontières israélo-égyptiennes plutôt que près de celles du Liban », a dit Bassil, ce qui pourrait priver le Liban de revenus potentiels en cas d’exploitation de gaz dans un gisement transfrontalier.

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