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Du gaz en eaux troubles : le potentiel pétrolier du Liban

«Israël pourrait devenir un exportateur de gaz vers l'Europe. Nous sommes d'ailleurs prêts à collaborer à un tel projet avec des investisseurs étrangers, mais aussi avec la Grèce et Chypre », a déclaré le ministre israélien des Infrastructures nationales Uzi Landau. La découverte d’hydrocarbures en Méditerranée bouleverse toutes les perspectives économiques du pays.
Israël exploite déjà du gaz en Méditerranée depuis 2004. La plate-forme qui est en cours de production s’appelle Mari. Elle appartient à un groupe de champs gaziers situés dans le sud des eaux israéliennes. Les réserves sont estimées à 28 milliards de mètres cubes. Le gaz est vendu à la Israel Electricity Corporation pour alimenter ses centrales. La productivité a été de 50 % en 2010, mais l’exploitant, Noble Energy, affirme que les six puits peuvent fonctionner à pleine capacité.
La plate-forme de Mari pourrait exploiter les champs voisins baptisés Noa, Noa South, Nir, Or et Or South découverts en 1999 et 2000 dont le potentiel est de cinq à six milliards de mètres cubes. À l’exception de Nir, tous ces gisements sont situés à 2 300-2 550 pieds de profondeur.
La première grande découverte qui permet à Israël de se projeter dans le cercle des pays exportateurs d’hydrocarbures a été effectuée dans le bloc Tamar en 2009 par Noble qui y a détecté un champ important. Après forage, la capacité du gisement est désormais estimée à 180 milliards de mètres cubes.
Noble n’a pas finalisé sa stratégie de production, la capacité de Tamar étant supérieur d’au moins trois fois que la demande de gaz en Israël. 
Fin 2010, Noble Energy et ses partenaires (Noble Energy détient 39,6 % des droits pour Léviathan, suivi par les compagnies Delek Drilling et Avner Oil Exploration, à hauteur de 22,67 % chacune, et Ratio Oil Exploration, pour le reste) annoncent que le champ Léviathan contient au moins 450 milliards de mètres cubes de gaz. Le gisement de Léviathan est presque deux fois plus grand que le gisement voisin de Tamar.
L'entrée en production ne devrait pas intervenir, selon des analystes, avant 2017.
Au total, Israël va devenir excédentaire en gaz, alors que jusqu'à présent il lui fallait importer un tiers de ses approvisionnements d'Égypte pour faire tourner les centrales de la compagnie d'électricité.
La question qui se pose est désormais de savoir que faire de ces ressources. Aucune des options envisagées n’est simple, les investissements nécessaires se chiffrant en tout cas en milliards de dollars.
Des projets de pipelines reliant Israël à l'Europe sont envisagés, mais la question de la sécurité de ces infrastructures pose problème. Une autre option consisterait à liquéfier le gaz pour le transporter par tankers. La compagnie Delek, qui est proche des autorités israéliennes, a proposé à Chypre de construire une plate-forme de GNL sur l’île pour servir à la fois les besoins d’Israël et ceux de Chypre.
La découverte du Léviathan va potentiellement transformer l’économie israélienne et sa position dans la région. Il a en tout cas déjà attisé l’appétit du gouvernement israélien qui souhaite revenir sur le pourcentage des royalties qui avait été établi à 12,5 % pour attirer des investisseurs. En avril 2010, une commission gouvernementale a préconisé de le porter à 66 %, provoquant la colère de Nobel Energy.

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