Un article du Dossier

Du gaz en eaux troubles : le potentiel pétrolier du Liban

L’opposition de la Turquie est l’un des principaux obstacles à la ratification par le Liban de l’accord de démarcation de ses frontières maritimes avec Chypre, signé en 2004. Ankara qui ne reconnaît pas la légitimité de la République grecque de l’île s’oppose aussi à un accord similaire conclu entre Chypre et Israël en décembre 2010.
La position de la Turquie est fondée sur trois points, explique au Commerce du Levant son ambassadeur à Beyrouth, Inan Özyildiz. 1) En tant que pays riverain de la Méditerranée, elle est préoccupée par tout facteur potentiel d’instabilité dans une région déjà bien volatile. 2) Toute tentative d’accaparement des ressources maritimes par la République chypriote grecque est un élément négatif pour les négociations d’unification politique de l’île en cours depuis deux ans sous l’égide du secrétaire général de l’ONU. En la matière, Ankara se dit désireuse d’aboutir, car le problème chypriote est un obstacle entre elle et l’Union européenne ; tandis que la partie grecque a peu d’incitations à conclure, étant donné la reconnaissance internationale dont elle jouit d’ores et déjà. 3) La Turquie a, elle aussi, d’éventuels gisements dans la baie d’Iskenderun qui posent des problèmes de démarcation avec la Syrie, sachant qu’aucun des deux pays n’est partie à la convention internationale du droit de la mer. Ankara estime donc qu’il faudrait envisager une solution “globale” en Méditerranée, sur le modèle de ce qui s’est fait en mer Égée, plutôt que d’appliquer des règles techniques pour tracer les frontières, sans tenir compte des nombreux chevauchements possibles. Ce type d’exploration a besoin d’un environnement politique propice, estime la Turquie en résumé. Ankara a fait part de ses préoccupations au Liban, mais se défend d’avoir exercé de quelconques pressions.

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