Un article du Dossier

Télécoms : baisse des tarifs Internet et calendrier de la 3G

Alfa et MTC Touch ont chacun annoncé le lancement de la 3G en septembre. En réalité, il s’agira d’abord d’une phase test (soft launching), pendant laquelle quelques milliers d’abonnés bénéficieront gratuitement du nouveau service, avant qu’il ne soit commercialisé. Le véritable lancement aura donc lieu en octobre pour le Grand Beyrouth et les principales agglomérations, et l’ensemble du Liban sera desservi d’ici à début 2012, selon le calendrier fourni par le ministère des Télécommunications.
Cette nouvelle infrastructure de téléphonie mobile de troisième génération (3G) permet des vitesses de transmission de la voix et des données nettement plus élevées que la norme précédente, la 2G. Les standards choisis pour le Liban sont les plus élevés de la 3G : il s’agit en fait de 3,75 G, connue techniquement sous l’appellation HSPA+, capable d’atteindre une vitesse de 42 Mbps.
Échaudés par les promesses d’amélioration des services télécoms, qui se succèdent depuis des années, beaucoup de Libanais attendent de “voir” la 3G pour y “croire”. Ce scepticisme est-il justifié ? En termes d’achèvement des infrastructures, la réponse est non, même si le lancement finalement retardé à octobre ne se fera pas à pleine capacité. « De toutes façons l’augmentation de la demande est elle-même progressive », tempère-t-on au cabinet du ministre, sachant que pour l’instant les utilisateurs d’Internet sur mobile ne sont qu’une centaine de milliers.
En termes d’infrastructures, le déploiement de la 3G ne pose pas de difficulté, son financement étant assuré par les excédents d’activité de la téléphonie mobile. À titre d’exemple, en 2010, les revenus du mobile ont représenté plus d’un milliard de dollars, ce qui signifie que les investissements dans la 3G (80 millions de dollars au total) ont représenté moins d’un mois de revenus. MIC1 et MIC2, les deux réseaux de mobile, propriétés de l’État, respectivement gérés par Zain (MTC Touch) et Orascom (Alfa), ont ainsi passé commande de tous les équipements nécessaires à la 3G à l’issue d’appels d’offres organisés en novembre 2010. Ils en auront pris livraison et les auront testés en septembre. Le suédois Ericsson fournit à Alfa 800 émetteurs pour 36,2 millions de dollars ; et le chinois Huawei équipe MTC de 850 émetteurs pour 25,6 millions de dollars, tandis que Nokia Siemens lui fournit le centre de commande pour 2,7 millions de dollars.
La véritable crainte portait sur la possibilité de commercialiser le nouveau service tant que les prix de l’Internet restaient à des niveaux rédhibitoires : la réduction des tarifs de la transmission de données décidée fin août lève cet obstacle. Il reste au ministère et aux fournisseurs d’accès Internet à s’entendre sur les modalités de la commercialisation du service. Les négociations sont en cours. En ce qui concerne les communications téléphoniques proprement dites, aucun changement tarifaire n’est attendu à court terme, trois nouveaux forfaits ayant été lancés en juin.
L’autre obstacle majeur tenait au blocage de la bande passante internationale alors que la 3G en est très gourmande. Ce goulot avait été supprimé depuis la mise en service en décembre 2010 du câble IMEWE (India Middle East Western Europe) et la signature de nouveaux accords pour augmenter la capacité du câble Cadmos. En pratique toutefois, cette capacité additionnelle à l’international n’avait pas été distribuée sur le réseau national. L’ancien ministre des Télécoms Charbel Nahas accusait ouvertement le directeur des opérations du ministère Abdel Menhem Youssef, qui cumule la fonction de directeur d’Ogero, de maintenir sciemment le “robinet” fermé. Depuis juillet, les acteurs du marché ont constaté une libération de cette bande passante internationale, confirmée par le ministère des Télécoms qui parle de 10 Gbps supplémentaires. Avec un total actuellement disponible à 13 Gbps, le problème pour la 3G serait résolu au démarrage, sachant que l’augmentation de la capacité disponible internationale devra se faire ensuite au fur et à mesure de la hausse de la demande. Au total, le Liban peut désormais mobiliser jusqu’à 330 Gbps. De source informée, il semble que le directeur des opérations du ministère/directeur d’Ogero ait élargi au câble IMEWE un accord commercial déjà en vigueur sur le câble Cadmos bénéficiant d’une baisse des tarifs pratiqués par l’opérateur Level 3, pour ne pas avoir à en passer par le ministre. Contacté par Le Commerce du Levant, Abdel Menhem Youssef n’a pas souhaité confirmer ou infirmer ces informations, rejetant la faute des retards sur l’ancien ministre Nahas.
Restent deux autres problèmes, l’un lié au retard de trois mois du chantier de haut débit, l’autre à l’extrême pollution du spectre libanais de fréquences hertziennes.
Les 1 880 stations 3G des deux réseaux mobile sont conçues pour permettre la hausse du débit à destination des appareils équipés de cartes Sim ou de clés 3G et servir quelque 850 000 abonnés. Mais ces stations doivent elles-mêmes être reliées à un réseau de fibre optique. À ce niveau, les réseaux mobiles sont confrontés à deux problèmes : d’abord, le réseau filaire actuel est la propriété du ministère des Télécoms, mais il est géré par Ogero qui rechignerait à le mettre à disposition de MIC1 et de MIC2 pour les besoins de la 3G ; ensuite, le retard du plan d’extension du réseau de fibre optique a un impact sur la 3G, car il prévoyait la connexion prioritaire de certaines parties du réseau mobile afin que le calendrier coïncide avec celui du lancement de la 3G.
Une solution provisoire à ces deux problèmes a été trouvée : à défaut de passer par la fibre, la connexion entre émetteurs se fera par ondes radio. Ce mécanisme, conçu comme un système destiné à assurer la redondance du réseau en temps normal, devrait supporter sans difficulté la demande au démarrage, le temps que le chantier de la fibre optique rattrape son retard. Il ne sera cependant pas opérationnel avant octobre, d’où le retard d’un mois pour le lancement de la 3G par rapport au calendrier initialement fixé à septembre.
La phase de test servira essentiellement à “nettoyer” le spectre de fréquences sur lequel Alfa et MTC ne s’attendaient pas à trouver autant d’interférences, explique-t-on au ministère.

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