Un article du Dossier

Le who’s who de la blogosphère libanaise

Nombre de fans sur Facebook, nombre de followers sur Twitter, originalité… Le Commerce du Levant a choisi ces quelques critères pour sélectionner une dizaine de blogueurs parmi les plus actifs de la scène libanaise. Certains, comme le très célèbre blog “Trella” de Imad Bazzi qui compte plus de 3 000 followers sur Twitter, mériteraient également leur place dans ce petit palmarès, mais ils n’ont pas répondu à nos sollicitations.

Hummus Nation
Fiche d’identité
www.hummusnation.net
Fans sur Facebook : 4 032
Followers sur Twitter : 2 470
Nombre de visites par jour :
environ 1 300
Nombre de visiteurs uniques par jour : environ 400
Date de lancement : mai 2009
Sujet : l’agence de presse officielle d’un pays fictif appelé Hummus Nation
Langue : arabe

Le fondateur
Nom : Waleed
Âge : 36 ans
Études : design et publicité
Profession : directeur création d’une agence de publicité
Nationalité : Libanais et Canadien
Lieu de résidence : Canada

« Avoir un blog sur le Liban, c’est avant tout un moyen de décompresser et de rire de la politique de mon pays. Rien de sérieux : mes lecteurs cherchent comme moi à prendre du recul face aux tensions du quotidien libanais. » C’est ainsi qu’est né en 2009 HummusNation, l’improbable “agence officielle d’information” d’un pays ressemblant à s’y méprendre au Liban. Le succès a été rapide : plusieurs des chroniques ont été reprises dans des programmes de divertissement comme ceux de la MTV, en particulier l’émission “CIA” de Mark Kodeih.
Plus récemment, Waleed a cru reconnaître certaines de ses idées dans les slogans scandés lors des manifestations réclamant la reconnaissance de la laïcité au Liban. Mais contrairement à beaucoup de blogueurs, Waleed ne se considère pas comme un activiste. « Mon objectif est de rire et de faire rire. En tout cas, j’essaie de ne jamais me prendre (ou de prendre mon blog) trop au sérieux ! »


Qifa Nabki
Fiche d’identité
qifanabki.com
Fans sur Facebook : 745
Followers sur Twitter : 3 423
Nombre de visites par jour : NC
Nombre de visiteurs uniques par jour : NC
Date de lancement : octobre 2008
Sujet : la politique libanaise
Langue : anglais

Le fondateur
Nom : Élias Muhanna
Âge : 32 ans
Études : doctorant en lettres arabes et études islamiques à l’université de Harvard
Profession : professeur (en devenir) de littérature comparée à l’Université de Brown
Nationalité : Libanais et Américain
Lieu de résidence : États-Unis


Qifa Nabki (levons-nous pour pleurer) est sans doute l’un des blogs libanais les plus influents, « très suivi par des chercheurs, des hommes politiques et des ONG internationales, qui s’intéressent au Liban », confie Élias Muhanna.
Il est souvent cité dans les médias étrangers comme al-Jazeera, New York Times ou encore The National, mais reste en même temps très proche de ses lecteurs anonymes qui postent plus de 100 commentaires en moyenne pour chaque billet publié.
Le titre de ce blog fait référence aux vers préislamiques les plus célèbres du poète arabe Imro’ al-Qais qui se lamente sur les ruines de son village et sur son amour perdu. La manière ironique d’Élias Muhanna de dire que la politique libanaise, principal sujet de son blog, reste elle aussi à pleurer.

Chroniques beyrouthines
Fiche d’identité
chroniquesbeyrouthines.20minutes-blogs.fr
Fans sur Facebook : environ 250
Twitter : pas actif
Nombre de visites par jour : environ 600
Nombre de visiteurs uniques par jour : environ 250
Date de lancement : août 2006
Sujet : des anecdotes, des réflexions, des histoires inventées et des photos autour de la vie au Liban 
Langue : français

Un des fondateurs
Nom : David Hury
Âge : 38 ans
Études : journalisme
Profession : journaliste
Nationalité : Français
Lieu de résidence : Liban

David a atterri au Liban il y a quatorze ans, mais c’est durant la guerre de 2006, qu’il crée le blog Chroniques beyrouthines avec la journaliste Nathalie Bontems. Correspondant pour plusieurs journaux en France et en Belgique, David Hury souhaitait se lancer dans l’écriture d’un blog pour gagner une certaine liberté de ton et mieux partager ses impressions ou ses réflexions sur son expérience libanaise. Ses Chroniques beyrouthines relèvent du regard d’un expatrié, qui s’interroge sur les particularités et “bizarreries” libanaises, qu’elles soient politiques, culturelles ou sociales. Cette approche se reflète aussi sur ses lecteurs qui, pour 85 % d’entre eux, habitent hors du Liban.
Le blog, que David continue aujourd’hui seul, est un cas à part dans la blogosphère libanaise généralement peu francophone. Chroniques beyrouthines n’utilise pas les réseaux sociaux. Il est peu suivi sur Facebook et n’existe pas sur Twitter. Cela n’a pourtant pas empêché 7 245 personnes de consulter son blog pour le seul mois d’avril 2011. « Mes lecteurs sont à 75 % des habitués, qui me suivent depuis le début. Je pense que ce qui leur plaît, c’est l’humour noir et le ton décalé de mes billets. »

Beirut Spring
Fiche d’identité
beirutspring.com/blog
Fans sur Facebook : 506
Followers sur Twitter : 3 354
Nombre de visites par jour :
environ 1 700
Nombre de visiteurs uniques par jour : environ 1 100
Date de lancement : mars 2005
Sujet : des informations alternatives, personnelles et occasionnelles vues par un Libanais expatrié
Langue : anglais

Le fondateur
Nom : Mustapha Hamoui
Âge : 33 ans
Études : design graphique et études de commerce
Profession : directeur général de l’entreprise familiale
Nationalité : Libanais
Lieu de résidence : Ghana

Dans ce monde juvénile des blogs, Beirut Spring ferait presque figure de “dinosaure” : créé en 2005, il continue de susciter l’intérêt avec plus de 1 000 visiteurs uniques par jour. La clé du succès ? Des billets postés presque tous les jours. « Les lecteurs d’un blog entretiennent une véritable complicité avec l’auteur. Ils sont souvent plus réactifs, leurs commentaires plus libres que sur les pages d’un journal. C’est cette interaction permanente avec eux qui me stimule. »
C’est durant la guerre de 2006 que le blog de Mustapha connaît son pic de fréquentation. Certains de ses articles ont suscité plus de 500 commentaires à eux seuls. La plus grande motivation de Mustapha ? Sa liberté de ton et de pensée. « Personne ne m’impose de ligne éditoriale et je m’autorise à traiter de tous les sujets. J’essaie toutefois de critiquer des actions et non des personnes. Si je m’attaque directement à un individu, je veille à ne pas utiliser des termes offensants. »

Anti-racism Movement
Fiche d’identité
antiracismmovement.blogspot.com
Fans sur Facebook : 3 545
Twitter : pas actif
Nombre de visites par jour :
non communiqué
Nombre de visiteurs uniques par jour : environ 900
Date de lancement : juin 2010
Sujet : la lutte antiraciste au Liban
Langue : anglais

Un des fondateurs
Nom : Ali Fakhry
Âge : 24 ans
Études : commerce
Profession : communication et relations publiques
Nationalité : Libanais
Lieu de résidence : Liban

« En 2009, Human Rights Watch a publié un rapport alarmant : chaque semaine, une employée de maison étrangère se suicide au Liban. Nous avons décidé de réagir et de créer Anti-racism Movement, un mouvement de lutte contre le racisme. L’une de nos priorités est la lutte contre les discriminations vis-à-vis des employées de maison étrangères », explique Ali Fakhry. Son blog a été lancé en 2010 pour donner plus de visibilité au mouvement.
Il entend être une base d’information sérieuse concernant le racisme au Liban, favoriser le partage d’information et fournir un outil de défense pour les victimes et leurs familles.
« Ce blog en est encore à ses débuts, mais l’une de nos actions a pris une dimension inespérée : la vidéo, filmée en caméra cachée, des responsables d’une des plages privées de Beyrouth, qui refusait de laisser entrer une personne de couleur, a été vue plus de 100 000 fois sur notre blog et a été reprise sur la CNN, la BBC, France24, al-Jazeera et beaucoup d’autres médias. »


Life in still motion photography
Fiche d’identité
abzyy.com
Fans sur Facebook : 614
Abonnés sur Twitter : 1 991
Nombre de visites par jour : NC
Nombre de visiteurs uniques par jour : environ 200
Date de lancement : mai 2008
Sujet : enjeux sociaux et photographie
Langue : anglais et arabe

La fondatrice
Nom : Abir Ghattas
Âge : 23 ans
Études : informatique
Profession : media planner
dans une agence
de communication
Nationalité : Libanaise
Lieu de résidence : Liban

Parmi la dizaine de blogs artistiques, Life in still motion photography de Abir Ghattas figure parmi les plus populaires, avec près de 1 600 “followers” sur Twitter. « Le titre de mon blog évoque le mouvement perpétuel que j’évoque à travers mes photos. » Lancé à la mi-2008, le blog a d’abord été un “journal intime” avant de devenir un espace où Abir expose ses photos amateurs, en l’associant à son engagement “féministe”. « La dernière campagne de pub du ministère du Tourisme qui représentait un expatrié se remémorant les “bons moments” passés à Beyrouth en compagnie de femmes “aguichantes”, m’a mise hors de moi. J’ai écrit une lettre au ministre du Tourisme que j’ai postée sur mon blog. » N’ayant obtenu aucune réponse de la part du ministre, elle espère toutefois que son combat contre la représentation sexiste prendra racine auprès de ses lecteurs. Elle vient de gagner le premier prix d’un concours de photographie organisé par les Nations unies sur le thème du développement.

Beirut Drive by shooting
Fiche d’identité
beirutdriveby.blogspot.com
Fans sur Facebook : 294
Followers sur Twitter : 1 652
Nombre de visites par jour : NC
Nombre de visiteurs uniques par jour : NC
Date de lancement : août 2009
Sujet : les panneaux publicitaires
Langue : anglais

La fondatrice
Nom : Sheila
Âge : non communiqué
Études : non communiqué
Profession : maman
Nationalités : Américaine et Libanaise
Lieu de résidence : Liban

Depuis que Sheila est arrivée au Liban en 2006, elle est obsédée par les panneaux publicitaires qui se dressent de manière chaotique. D’où l’idée de son blog, qui consacre un espace à ces affiches. Mais son regard, à la fois tendre et critique, “décale” souvent la publicité de son contexte initial pour favoriser un second sens de lecture. Comme c’est par exemple le cas d’une campagne 4x3 pour un produit de luxe affichée sur la façade d’un vieil immeuble de Beyrouth criblé de balles. Sheila se décrit comme “maman et citoyenne”. Son appareil photo en bandoulière, elle traque les nouveautés des publicitaires libanais, « sans ligne éditoriale précise ». Elle avoue cependant se censurer lorsque les affiches reprennent des sujets religieux ou politiques. « J’ai la photo d’un célèbre homme religieux qui, par le hasard des emplacements, fixe le derrière d’une top model en jeans ! Je ne posterai jamais cette image ! »  « Mon blog m’a ouvert les portes d’une nouvelle vie professionnelle : j’ai été sollicitée pour travailler comme consultante pour des médias numériques et comme éditrice pour un site Web. » Aujourd’hui, Communicate Levant, le mensuel qui couvre l’actualité média, marketing et publicité de la région, publie certains des commentaires de Beirut Drive by shooting.

What if I Get Free?
Fiche d’identité
www.nadinemoawad.com
Friends sur Facebook : 1 400
Followers sur Twitter: 5 206
Nombre de postes lus par jour :
environ 150
Nombre de visiteurs uniques par jour : NC
Date de lancement : juin 2009
Sujet : toutes les campagnes de la société civile, en particulier celles relatives aux droits des femmes
Langue : anglais et arabe

La fondatrice
Nom : Nadine Moawad
Âge : 29 ans
Études : philosophie
Profession : chercheuse spécialiste des droits des femmes dans une association internationale
Nationalité : Libanaise
Lieu de résidence : Liban

C’est durant les élections législatives de 2009 que Nadine lance son blog. Elle est scandalisée par la campagne publicitaire du Courant patriotique libre qui décline l’ancien slogan des événements de mai 1968 en France en version libanaise : « Sois belle et vote ». Son blog devient vite le porte-parole des combats menés par la société civile, principalement autour de sujets controversés comme les droits de la femme ou la sexualité. « Tristement, le poste le plus lu de mon blog (plus de 5 000 fois) était un poisson d’avril qui annonçait l’approbation de la loi autorisant les femmes libanaises à transmettre leur nationalité. Cela prouve que les Libanais sont demandeurs de changement, mais peu osent bouleverser l’ordre des choses. » Nadine porte aussi un regard très critique sur la blogosphère libanaise. « Elle est le reflet de la société libanaise, un espace pour exprimer des idées souvent superficielles ou trop consensuelles. J’essaie de ne jamais me censurer et de dire les choses telles qu’elles sont, mais au Liban dès qu’on aborde le sujet du féminisme on reçoit plus d’insultes que de commentaires constructifs. »

Zina Comics
Fiche d’identité
www.zinacomics.com/blog
Fans sur Facebook : 1 276
Followers sur Twitter : 1 066
Nombre de visites par jour :
environ 400
Nombre de visiteurs uniques par jour : environ 200
Date de lancement : hiver 2009
Sujet : une interprétation humoristique
de ma vie d’immigrée au Canada ainsi que de la vie quotidienne libanaise
au travers de personnages de BD
Langue : anglais, français et arabe

La fondatrice
Nom : Zina Mufarrij
Âge : 29 ans
Études : design graphique
Profession : dessinatrice de BD
Nationalité : Libanaise
Lieu de résidence : Canada

Dans les dessins de Zina Mufarrij, deux personnages caractéristiques de la société libanaise reviennent souvent : Madam, la caricature de la bourgeoise libanaise, et Coussouma, son inévitable bonne sri lankaise. C’est le succès de ses illustrations initialement postées sur sa page Facebook qui a décidé la jeune femme à créer son blog, « une manière plus pratique de partager mes expériences et mes pensées avec ma famille et mes amis ». Mais aujourd’hui, avec plus d’un millier de fans sur Facebook, ZinaComics déborde du seul cercle familial. Ses lecteurs sont principalement des Libanais, avec un fan club canadien de plus en plus important. « Mon blog est aussi une vitrine de mon travail d’illustratrice. »  Zina y croque férocement la société libanaise. « L’illustration qui a remporté le plus de succès est sans nul doute celle intitulée kiss ekht hal balad (“pays de merde”) où l’on voit une Libanaise discourant avec un étranger, étonné que le Liban ait Internet et qui essaie de lui expliquer que le Liban est un très beau pays, civilisé, développé, quand… survient une panne d’électricité !

Beirutiyat
Fiche d’identité
beirutiyat.wordpress.com
Fans sur Facebook : 1 746
Followers sur Twitter : 2 840
Nombre de visites par jour :
non communiqué
Nombre de visiteurs uniques par jour : environ 200
Date de lancement : juillet 2009
Sujet : tout ce qui me touche, de la politique aux problèmes de société, aux scoops, à la poésie…
Langue : arabe, anglais

Le fondateur
Nom : Assaad Thebian
Âge : 23 ans
Études : journalisme et médias
Profession : spécialiste des réseaux sociaux
Nationalité : Libanais
Lieu de résidence : Liban

« J’ai fait des études de journalisme mais l’idée de me voir imposer une ligne éditoriale m’était insupportable. » À défaut de rentrer dans un groupe de presse, Assaad Thebian lance donc son blog, Beirutiyat, un terme intraduisible en français sauf à tenter quelques approximations comme “Beyroutheries” ou “Beyrouthades”. Le but de ce blog ? Y exposer ses pensées, échanger avec d’autres pour naturellement « faire bouger les choses ». Car Assaad Thebian se veut “influent” et vise les “penseurs libres”, ouverts aux débats d’idées et capables de bousculer le système de pensées rigides « qui paralyse le Liban ». Deux à trois fois par semaine il poste des billets sur des sujets d’actualité qui lui tiennent à cœur et qu’il estime peu traités par les médias traditionnels. « J’écris sur l’urgence de protéger le patrimoine libanais ou sur le combat pour la laïcité qui prend forme depuis quelques mois et auquel j’adhère complètement. »

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