Un article du Dossier

Cinéma libanais : comment entrer dans la cour des grands ?

Passée de la pellicule au numérique, Michèle Tyan a vu évoluer les techniques du montage, mais garde une passion intacte pour ce métier au cœur du processus de création d’un film.

Greg Demarque
« Le montage c’est une histoire d’amour, il faut se donner, s’immerger totalement. Le monteur réécrit le film en complicité avec le réalisateur, mais il doit savoir s’effacer une fois le film terminé. » Michèle Tyan est monteuse depuis 17 ans. Partie étudier à Paris à l’ESRA (École supérieure de réalisation audiovisuelle), elle y rencontre la réalisatrice libanaise Jocelyne Saab qu’elle assiste pendant deux ans : montage, assistante de production sur le film “Il était une fois Beyrouth”. Le projet terminé, elle revient au Liban fin 1993. Après une expérience de 18 mois dans une société de production, elle se lance alors avec un ami monteur. Ils créent leur société de postproduction Djinn House grâce à un prêt de 100 000 dollars, rêvant de développer le métier de monteur dans le Liban d’après-guerre. Les débuts sont difficiles, la production cinématographique de l’époque est peu développée. Pour diversifier leurs activités, ils se lancent dans la production. Aujourd’hui, Michèle Tyan gère Djinn House et passe de la production à la réalisation, mais revient sans cesse au montage.  Un métier qui attire un nombre croissant de jeunes principalement dans la pub, du fait des possibilités d’embauches et des bonnes conditions de rémunération.  Ils suivent des études généralistes en audiovisuel et se spécialisent lors de stages en entreprise.  Michèle Tyan a commencé à monter à partir de pellicules de film : « Avant on devait être très précis dans les coupes. Les choix étaient discutés en amont, car il ne fallait pas abîmer la pellicule. » Aujourd’hui avec les logiciels numériques tout va plus vite et les possibilités de montage se démultiplient. Djinn House, qui possède quatre salles de montage image et son, un studio son et un poste d’animation graphique, produit également des films de fiction, des documentaires et des films d’entreprises. Depuis 1995, plus de 600 000 dollars y ont été investis pour mettre à jour le matériel.  Le montage est facturé entre 300 et 600 dollars par jour en comptant la location de la salle de montage. Les prix varient en fonction des projets et de leur finalité. C’est la publicité qui assure les cachets les plus importants, mais c’est sur le documentaire, le long-métrage et le film d’entreprise que Djinn House construit sa renommée.
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