Un article du Dossier

Cinéma libanais : comment entrer dans la cour des grands ?

Le Liban compte deux écoles de cinéma historiques qui ont depuis peu fait des émules. L’école de cinéma et de réalisation audiovisuelle de l’Alba rattachée à l’Université de Balamand a été fondée en 1987, l’Institut d’études scéniques et audiovisuelles (Iesav) relevant de l’Université Saint-Joseph une année plus tard.
Tous les deux forment les étudiants en licence et jusqu’en master 2. Les premières années sont communes à tous les étudiants. La spécialisation intervenant en master. Les effectifs sont de 30 à 35 élèves en licence par promotion. « Chaque année, nous recevons plus de 100 demandes, précise Élie Yazbeck. Nous avons donc dû mettre en place un concours d’entrée. » Même effectif pour l’Alba, qui sélectionne à travers une épreuve écrite de culture générale et des oraux.
Ils sont concurrencés depuis quelques années par une dizaine de nouvelles formations, telles celles de l’Usek, de l’Université libanaise ou de la Lebanese American University dont la création accompagne une demande croissante pour ce type de formation, même si 80 % des débouchés au Liban et au Moyen-Orient se trouvent à la télévision plutôt qu’au cinéma, selon Alain Brenas, de l’Alba. « Beaucoup d’étudiants sont recrutés au bout de la dernière année de licence », précise-t-il.
Alors qu’à l’Université libanaise par exemple les cours sont gratuits, les étudiants doivent débourser 10 000 dollars par année de licence, puis 6 000 dollars par année de master à l’Iesav: « Nous avons baissé le prix du master car sinon certains étudiants ne pourraient pas se spécialiser », dit Élie Yazbeck. À l’Alba, les années menant au master 2 coûtent chacune 10 000 dollars. « Mais nous finançons jusqu’à 50 % de la somme selon les cas pour permettre d’élargir le public », précise Alain Brenas.
Un coût qui s’explique principalement par l’équipement nécessaire à ces formations : « Nous avons une centaine d’étudiants à l’Alba, le but est de fournir à tous un matériel de qualité. » Un équipement qui passe par des caméras numériques, l’éclairage du studio de tournage ou des ordinateurs pour les salles de montage. Un tiers du budget de l’école est destiné à l’achat de matériel chaque année. Le reste sert à payer les enseignants et les intervenants qui viennent parfois de l’étranger : l’école prend en charge les honoraires et les frais de déplacement et d’hébergement. Une subvention de l’Institut français complète les recettes issues des frais de scolarité. Les masters les plus prisés de l’Iesav sont la réalisation et la recherche, car ils offrent le plus d’opportunité de travail, soit à la télévision, soit dans l’enseignement, explique Élie Yazbeck. La plupart des étudiants commencent à travailler en parallèle de leurs études, précise-t-il. Ainsi, à la fin de la licence, 80 % trouvent un travail, en master ce taux atteint presque les 100 %. Même si les débouchés dans le cinéma proprement dit ne sont pas nombreux, les motifs de satisfaction sont aussi au rendez-vous : cette année le premier prix du Festival du cinéma européen a été décerné à une étudiante de l’Alba, Pascale Abou Jamra, pour “Derrière moi les oliviers”.



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