Peintre, graveur, sculpteur et même calligraphe, Hussein Madi figure parmi les grands noms de la scène libanaise, en compagnie de peintres aussi prestigieux qu’Huguette Caland ou Chafic Abboud. C’est à juste titre que le Beirut Exhibition Center lui offre cette rétrospective. Âgé aujourd’hui de 75 ans, Hussein Madi est né à Chebaa dans le sud du pays. Il poursuit d’abord ses études au sein de l’Alba, l’Académie libanaise des beaux-arts, avant de s’envoler pour Rome (Italie), où il peaufine son apprentissage. Il y apprend notamment l’épure, l’art de « construire des formes en les déconstruisant », comme l’exprime Michel Fani dans son “Dictionnaire des peintres libanais” (1998). Proche du fauvisme européen, Hussein Madi reconnaît l’influence de peintres comme Henri Matisse ou Pablo Picasso. Comme eux, le Libanais cherche à fluidifier les lignes, à tracer, comme par inadvertance, des formes ou des volumes, sans paraître s’attacher aux détails. Ses sujets de prédilection ? Des fruits, des fleurs ou des femmes alanguies aux formes généreuses à l’image des odalisques de certains de ses maîtres du début du siècle passé.
De retour à Beyrouth, Hussein Madi, qui rejoint l’Université libanaise où il enseigne entre 1972 et 1992, s’intéresse alors à la calligraphie arabe. « Il sonde les rapports profonds avec les arts anciens orientaux à travers la réintégration du caractère alphabétique arabe dans sa mouvance symbolique et sa sonorité musicale puisée dans les formes naturelles et vivantes », assure le peintre et critique Hussein Sultan. Sa main trace des angles, des traits brisés, comme autant de signes d’une humanité à voir.
Jusqu’au 6 juin 2014, Beirut Exhibition Center, Biel, 01/960000.