Depuis 2005, l’Union européenne a financé une série de centres de tri et de compostage décentralisés aux résultats mitigés. De nouveaux projets seront lancés à partir de la fin 2015, pour mettre davantage l’accent sur la construction de décharges sanitaires contrôlées.

En 2005, dans le cadre d’un volet du projet ARLA (Assistance to the Rehabilitation of the Lebanese Administration), l’Union européenne a financé des projets de traitements des déchets pour un montant de 14,2 millions d’euros, répartis sur 17 municipalités. Le financement a permis d’acheter des camions pour la collecte, d’installer des conteneurs, lancer des campagnes de sensibilisation au tri à la source, et surtout de construire des centres de tri et/ou de compostage. Au départ, neuf installations de ce type étaient prévues, mais seules cinq sont aujourd’hui opérationnelles : Tyr (70 tonnes/jour), Michmich (10t/j), Minié (70t/j), Qabrikha (25t/j) et Khiam (25t/j). Le projet d’usine de compostage et de tri de Chouf Swayjani n’a jamais démarré, tandis que le centre de tri d’Ansar s’est arrêté de fonctionner. « Il s’agissait d’une unité pilote avec une capacité trop faible de 10 tonnes/jour. L’expérience montre qu’il ne faut pas construire de petites unités de tri, mais de plus grandes infrastructures, afin de réaliser des économies d’échelle et de couvrir un nombre important de municipalités. La réussite des usines de tri de Zahlé et de Tyr qui couvrent plusieurs dizaines de municipalités est plus probante », explique Nicolas Ritzenhaler, chargé de programme pour l’environnement à la Délégation de l’Union européenne. Les projets européens ont pris du retard : deux autres prévus dans le plan de 2005 – les unités de Baalbeck et Nabatiyé – devraient être mis en route cette année seulement. Les unités de traitement financées par Bruxelles sont gérées par des opérateurs privés, que le ministère d’État pour la Réforme administrative, à travers l’Omsar (Office of the Minister of State for Administrative Reform), a sélectionnés en partenariat avec les municipalités, qui s’occupent, elles, de la collecte des déchets. Ces dernières n’ont en revanche pas les moyens de financer la gestion de ces centres. C’est donc l’Omsar qui s’en charge. En 2010, le ministère a obtenu du Conseil des ministres une première enveloppe de 15 millions de dollars pour une durée de trois ans. « En 2014, l’Omsar a sollicité une nouvelle enveloppe de 36 millions de dollars sur trois ans », explique Roula Kabbani, responsable du programme des déchets solides à l’Omsar. « Dans l’idéal, il faudrait reproduire l’exemple de Zahlé, où les coûts de maintenance et d’opération des usines de tri et de compostage sont désormais pris en charge entièrement par la Fédération des municipalités de Zahlé », assure Nicolas Ritzenthaler.

De nouveaux projets d’ici à 2018

Malgré ces efforts, seuls 30 % des déchets des zones couvertes par les projets européens sont recyclés. « Nous visons de porter ce taux à 60 % dans les projets que nous allons démarrer cette année », explique Nicolas Ritzenthaler. Le programme espère aussi résoudre le problème du rejet des 60-70 % de déchets non recyclés dans des décharges sauvages. Il prévoit cette fois d’adjoindre des décharges sanitaires aux centres de tri et de compostage. Dans le cadre de l’aide apportée aux communautés libanaises affectées par l’afflux de réfugiés syriens, l’Union européenne a ainsi lancé en 2014 les projets “Solid Waste Managment” Swam I et Swam II, d’un montant de 35 millions d’euros, avec une composante de 5 millions d’euros qui vise à appuyer la gestion des déchets ménagers dans les municipalités les plus affectées. Il s’agit de construire ou de moderniser neuf sites dans le Sud, le Nord et la Békaa, et d’aménager six décharges à Baalbeck, Srar, Jeb Jannine, Tyr, Nabatiyé et Bint Jbeil. Les premiers appels d’offres ont été lancés pour la décharge sanitaire de Jeb Jannine ainsi que pour améliorer les infrastructures existantes à Zahlé. « D’ici à 2018, l’ensemble de ces installations devraient traiter 2 400 tonnes/jour, soit près de la moitié des déchets ménagers au Liban », assure Nicolas Ritzenthaler.
« Les nouvelles décharges s’intégreront dans le dernier plan de traitement des déchets décidé par le gouvernement libanais. Elles pourront être utilisées par les opérateurs privés sélectionnés par l’appel d’offres lancé par le Conseil du développement et de la reconstruction », ajoute-t-il. Le choix des emplacements a parfois été compliqué, notamment à Baalbeck. « Le site qui a fini par s’imposer se situe à 500 mètres des premières habitations », précise le responsable à la Délégation de l’UE. Dans d’autres localités, comme Nabatiyé ou Bint Jbeil, la solution a consisté à réhabiliter des sites servant de décharges sauvages.