L’invective à l’égard de la classe politique libanaise s’incarnait fin juillet dans une métaphore de circonstance : tous des ordures ! Facile, elle était sur toutes les lèvres, sur tous les réseaux sociaux. La réunion d’urgence d’un comité interministériel – représentant toutes les confessions qu’on se rassure – devrait se traduire par la mise en œuvre d’une “solution” et tenir à nouveau à distance la fureur populaire. Il s’agirait d’accumuler les déchets dans des dépotoirs “provisoires” dans les dernières régions de haute montagne encore épargnées par la pollution et de lancer la construction d’incinérateurs.
N’importe qui s’est intéressé un minimum à la problématique de la gestion des déchets est censé accueillir cette “solution” avec beaucoup de scepticisme, voire de colère. Car ce qui transparaît avant tout c’est l’amateurisme qui continue de prévaloir, l’irresponsabilité, assortis comme il se doit d’intérêts financiers sonnants et trébuchants, les déchets étant une véritable manne (voir Le Commerce du Levant de mai 2015). Le système en place pendant des années s’étant grippé, c’est la recherche d’un nouveau mode de partage qui prévaut sur toute autre considération, qu’elle soit technique, écologique, économique…
Les ONG et autres associations de la société civile n’y feront rien. Leur voix n’est pas entendue dans le système politique libanais actuel dont la seule véritable préoccupation est le maintien d’un semblant de gouvernement pour préserver un semblant de stabilité. Leur présence n’est qu’un faire-valoir, une démonstration que la société libanaise est ouverte – et accessoirement aussi une source de captation de rentes. Ce n’est plus d’organisations non gouvernementales dont le Liban a besoin, mais de nouveaux partis politiques, au vrai sens du terme, dont l’ambition est justement d’exercer la responsabilité gouvernementale et de rendre des comptes.