Au centre de la narration de “City on Fire”, il y a une tentative d’assassinat, la nuit de la Saint-Sylvestre 1976, dans une allée de Central Park à New York. La victime se nomme Sam, alias Samantha Cicciaro, 17 ans. S’il emprunte certains codes au roman policier (qui a voulu tuer Samantha Cicciaro ?), “City on Fire” n’a rien cependant du classique du genre. Au contraire, la tentative de crime sert d’excuse pour dérouler une immense fresque urbaine sur plus de 1 000 pages, celle d’un New York terriblement déjanté, à la fin des années 1970. Au cœur de cette ville anarchique, sale et bruyante, un groupe de personnages, liés les uns aux autres par la tentative d’homicide : rejetons de la grande bourgeoisie WASP, parvenus de la finance, artistes junkies, ou simples adolescents boutonneux… « Ils sont au cœur du chaos, du désordre, au moment où tout change », explique l’auteur, qui a mis près de six ans à écrire ce premier roman, dans un entretien à la presse française en janvier dernier. On va alors suivre leur errance de cette ultime nuit de l'année 1976 jusqu'au “black-out” du 13 juillet 1977 qui plongea la cité dans les ténèbres et marque le début d’une nouvelle aire pour la ville américaine, qui bascule après dans une forme de gentrification massive. Malgré la profusion de personnages et de détails, parfois un rien lassante, le lecteur n’est jamais vraiment perdu. Cela tient sans doute à la structure narrative du livre : sept chapitres, séparés par des intermèdes de formes diverses comme des extraits d’article de journal, une lettre manuscrite d'un père à son fils... On dévore ces pages facilement, comme on avait embrassé le best-seller “Le Chardonneret” de Donna Tartt, ou encore “Outremonde”, la fresque de Don DeLillo, des auteurs auxquels la critique a d’ailleurs comparé “City on Fire”.
“City on Fire” de Garth Risk Hallberg, 992 pages, 26 dollars.


