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Chiffres-clés 2015 : croissance anémique et risque monétaire accru

La morosité du secteur immobilier s’est accentuée au cours de l’année 2015. Tous les indicateurs – sans exception – révèlent l’ampleur de la crise actuelle avec des baisses de 4 à 10 %.
La majorité des chiffres n’ont jamais été aussi bas depuis 2009 et 2010.
L’un des principaux indices du marché immobilier, le nombre des ventes, a reculé de 10,3 % par rapport à 2014. La baisse est encore plus prononcée entre 2010 et 2015. Le nombre de transactions est ainsi passé de 94 202 à 63 386, soit une chute de 32,7 %.
Ces chiffres illustrent l’état de méfiance des acheteurs et des investisseurs qui ne cessent de repousser leur décision d’achat. Le manque de confiance des acquéreurs s’est aggravé en 2015 avec la situation militaire en Syrie et l’impasse politique. Le pays n’a plus de président de la République depuis bientôt deux ans et le gouvernement fonctionne au ralenti.
De plus, la baisse des prix du neuf favorise l’attentisme. Conscients de la réduction des prix (-1 % sur les valeurs affichées par les promoteurs selon l’agence de conseil immobilier Ramco) et de l’augmentation des marges de négociation (de 10 à 20 %), les acheteurs prennent leur temps. À l'affût de bonnes affaires, ils espèrent que les prix continueront à baisser à court terme.
D’autant qu’ils ont tout pour eux : un stock de disponibilités qui s’élargit, des prix en baisse et des promoteurs de plus en plus flexibles.
La baisse de l’appétit des Libanais pour la pierre s’est répercutée sur l’activité de la construction avec la chute du nombre de permis de construire et des livraisons de ciment. Ainsi, l’indice des permis de construire a diminué de 8,9 % à 12,3 millions de m2 en 2015, c’est le plus petit total depuis 2007 et une baisse de 30 % par rapport à l’année 2010.
Cet indice rejoint celui de la société Ramco qui avait révélé une baisse de 3,8 % du nombre d’appartements en construction dans Beyrouth intra-muros de 2014 à 2015 avec 10 100 unités.
La baisse des permis de construire traduit également le manque d’entrain des promoteurs à lancer de nouveaux projets résidentiels. Devant l’accumulation des invendus, l’allongement des délais pour écouler leur stock, la baisse des prix des appartements et l’appétit en berne des ménages, beaucoup de promoteurs hésitent à acquérir de nouvelles parcelles pour les développer. Surtout que les valeurs foncières tardent à se réajuster par rapport à la baisse des prix de vente des appartements. La prudence est donc de mise.
La multiplication des immeubles à Beyrouth dont la construction a été arrêtée à Furn el-Hayek ou au centre-ville de Beyrouth prouve que certains promoteurs – pourtant parfois reconnus – peuvent échouer. Des cas extrêmes comme des immeubles totalement invendus apparaissent. Cela peut refroidir les candidats au démarrage de nouveaux projets.
Tributaire de l’état de santé du marché résidentiel, le secteur du ciment fait logiquement grise mine. Ainsi, les livraisons ont décliné de 8,6 % par rapport à 2014. Avec 5,04 millions de tonnes en 2015, c’est un plus bas depuis 2009. Les deux premiers mois de l’année 2015 ont été particulièrement difficiles avec une baisse de 37 % par rapport à la moyenne des livraisons de janvier et février 2014.


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