Un article du Dossier

La création libanaise accède au podium mondial

Comment est née la franchise libanaise de l’Esmod ?
En 1996, j’étais à la tête d’une école d’orientation professionnelle. Il y avait à cette époque au Liban beaucoup d’universités, mais pas d’écoles techniques. J’ai trouvé en France plusieurs interlocuteurs à la Chambre de commerce Paris-Île-de-France qui m’ont amené à rencontrer des responsables d’Esmod. Il s’agissait de construire un partenariat et de trouver des débouchés pour tous ces talents libanais, leur offrir une formation en privilégiant le côté pratique. Aujourd’hui, l’Esmod de Beyrouth est l’une des 21 franchises dans le monde de l’école parisienne. Elle compte en moyenne une centaine d’étudiants chaque année, dont une trentaine de diplômés.

Quels sont les débouchés professionnels pour vos diplômés ?
La formation dure trois ans, à raison de 9 000 dollars par an. Le diplôme permet à nos étudiants d’exercer dans tous les métiers de la mode. Cela va du styliste-modéliste au dessinateur de mode, en passant par les métiers d’acheteur pour un grand magasin, de vendeur, ou la presse spécialisée. Une étude menée auprès de nos anciens étudiants montrait que le taux d’emploi ces cinq dernières années chez nos diplômés était de 80 %. Beaucoup se dirigent vers le stylisme-modélisme ou travaillent chez des créateurs libanais, tandis que certains montent leur propre maison. Même si certains anciens d’Esmod brillent dans la couture (Rami Kadi, Krikor Jabotian...), la tendance de ces dernières années est nettement vers le prêt-à-porter avec un accent particulier sur ce que l’on appelle “modélisme créatif”, soit la technique au service de la créativité. Le prêt-à-porter est devenu l’un des points forts d’Esmod. Même s’il s’agit d’une industrie encore peu développée au Liban, nous nous attachons à accompagner son développement.

Quelles sont les qualités requises pour réussir dans la couture ?
La première c’est bien évidemment le talent. Dans ce domaine, les études antérieures ne sont pas pour nous un critère d’entrée. Les étudiants doivent ensuite mener un gros travail de recherches afin de développer leur propre univers personnel. Je dis à chacun d’entre eux qu’ils ne peuvent pas travailler seuls. Que derrière le créateur, se cache une série de métiers tout aussi importants auxquels ils doivent penser, comme celui de responsable du développement d’une marque, le visual merchandising. Nous leur offrons les bases nécessaires à l’exercice de leur profession.

Comment jugez-vous l’état de la formation au Liban ?
Il y a une évolution dans ce domaine ces dix dernières années. Quelques écoles ont vu le jour depuis notre création en 1999, elles aussi fondées sur des modèles de partenariat comme la Lebanese American University (LAU) avec le London College of Fashion ou l’Académie libanaise des beaux-arts (Alba) qui dispose d’une formation en collaboration en Belgique avec La Cambre-Mode de l’École nationale supérieure des arts visuels (Ensav). L’évolution tient aussi au fait de ne plus se focaliser uniquement sur l’aspect créatif. Construire une marque ou bâtir une maison de couture suppose un modèle économique solide. Certaines de nos anciennes promotions n’étaient pas assez armées pour cela. Nous avons donc créé plusieurs modules ces cinq dernières années comme des cours de “fashion business” pour permettre à nos étudiants de maîtriser les questions juridiques et financières, et les doter des outils nécessaires à l’ouverture d’une entreprise.
dans ce Dossier