Si vous rêvez de vous endormir sous les frondaisons d’un vieux chêne feuillu ou de vous alanguir contre le tronc d’un olivier centenaire, ce livre est pour vous. Vendu à 700 000 exemplaires en Allemagne, pays d’où est originaire son auteur, et traduit déjà dans 32 langues, “La vie secrète des arbres” est une épatante leçon de “vivre-ensemble” entre hommes et nature. Signé d’un “simple” forestier allemand, au doux nom de Peter Wohlleben, ce récit se veut un plaidoyer pensé pour nous faire partager le bonheur de vivre aux côtés de nos amis les arbres. Ce qu’un badaud, croisé un après-midi dans la presque-solitude du Chouf, résumera à merveille d’un : « Venir seul ici pour mieux méditer à la place de l’homme ou à celle de la nature. » “La vie secrète des arbres” est d’abord le récit initiatique d’un homme qui, au démarrage de son activité dans les forêts, « en savait à peu près autant sur la vie secrète des arbres qu’un boucher sur la vie affective des animaux », et devenu au fil d’une carrière de 20 ans le gardien éclairé d’une hêtraie de la région de l’Eifel, à l’ouest de la Rhénanie. Peter Wohlleben nous apprend le langage des arbres, des êtres qui s’avèrent capables de communiquer entre eux par les odeurs ou bien par les signaux électriques qu’ils émettent, mais aussi par un étonnant réseau racinaire que l’auteur nomme un “Wood Wide Web”, dans laquelle s’échangent des informations sur les insectes environnants ou la sécheresse du sol. On y découvre leur stratégie d’entraide (saviez-vous que l’arbre le plus faible d’un groupe sera aidé par ses congénères pour survivre ?) ou de résistance (l’acacia, par exemple, augmente en quelques minutes la charge toxique de ses feuilles afin de “dégoûter” les girafes, puis émet un “gaz avertisseur” pour prévenir les autres acacias du danger). On s’amuse de la répartition entre “arbres de gauche” (solidaires, libéraux, voire un rien libertins) et “arbres de droite” (solitaires, conservateurs…) et l’on se trouve confirmé dans la sensation que la ville n’est faite ni pour les humains ni pour les arbres qui y dépérissent, privés justement de leur réseau. Dans un pays qui perd ses forêts au profit du béton, ce livre rappelle que le maintien de la biodiversité est le seul moyen pour l’humanité d’assurer son futur.

“La vie secrète des arbres, ce qu’ils ressentent, comment ils communiquent”, Peter Wohlleben, Les Arènes, 260 pages, 21 dollars.