A presque 70 ans, Noura s’offre une seconde vie : le pâtissier-chocolatier, emblématique de la place Sassine, vient en effet d’être racheté par un groupe d’investisseurs Libanais. Julien Khabbaz, 37 ans, ex banquier d’affaires chez FFA Private Bank, en devient l’actionnaire majoritaire et le PDG. A ses côtés, figurent d’autres investisseurs minoritaires, en premier lieu le groupe Chaoui, propriétaire notamment de Château Ksara.

Le montant de la transaction n’a pas été dévoilé. Toutefois, Julien Khabbaz le situe entre « 10 et 15 millions de dollars ». « C’est une enseigne qui appartient au paysage de mon enfance et au patrimoine gastronomique du Liban », explique l’ancien trader, qui assure avoir toujours été attiré par ce milieu professionnel. 

Finalisée le 1er août, la vente ne devrait rien changer pour les quelque 70 salariés de Noura. « Nous maintenons les structures inchangées : même nom, mêmes spécialités, mêmes employés… Nous nous donnons un an pour nous connaître ». L'ancien propriétaire et gérant, Habib Chaaraoui, continuera d’ailleurs de « conseiller » les nouveaux dirigeants. « Cette entreprise au départ familiale fête ses 70 ans en 2018, une occasion pour lancer une nouvelle identité de marque », souligne Julien Khabbaz, qui assure vouloir maintenir l’excellence de la maison, tout en projettant l’ouverture d’un ou de deux nouveaux points de vente dans les prochaines années. « Il s’agit de développer une marque dont le potentiel est énorme. »

Noura n’était en effet pas en crise : son chiffre d’affaires annuel, estimé à plus de 6 millions de dollars, progresse chaque année de 5 % environ. La vente de l'enseigne s'explique plutôt par des raisons familiales liées au passage de la seconde à la troisième génération. Fondée en 1948 par Edwin Chaaraoui (le père de Habib), Noura a maintenu son activité, même pendant la guerre civile de 1975. Habib Chaaraoui a rejoint l’entreprise familiale en 1965 après des études de gestion à la London School of Economics et des stages en France et en Suisse. C’est d’ailleurs à son initiative qu’Edwin Chaaraoui a développé le service traiteur de la marque. Anciennement rue Monot, le père et le fils ouvrent à Jounié puis à Sassine avant de décider en 1982 de centraliser leur production : l’enseigne ne garde alors que la boutique de Sassine (90 m2) et développent sa cuisine centrale dans un espace de 1200 m2 à Sioufi.