C’est désormais un classique de chaque rentrée que la quête du grand roman américain. Or, avec “Les fantômes du vieux pays” de Nathan Hill, il se pourrait qu’on tienne là une véritable révélation. D’ores et déjà, ce roman a été couronné de succès aux États-Unis, traduit en une trentaine de langues. La louange va bien plus loin : voilà que la critique compare Nathan Hill, dont c’est le premier roman, à des géants tels que Charles Dickens ou John Irving. Au premier, il est vrai, il emprunte le réalisme ; au second le sens du burlesque. Et aux deux, le talent de tenir le lecteur en haleine de bout en bout de cette gigantesque fresque qui entremêle la petite histoire à la grande. De l’Iowa des années soixante à nos jours, des émeutes de Chicago (1968) au New York postattentats du 11-Septembre, sans omettre un détour par la Norvège pendant la Première Guerre mondiale. Au commencement, un simple fait divers : une femme jette une poignée de cailloux à la face d’un candidat républicain. L’agression est filmée, postée sur la Toile et devient virale. Mais qui est cette femme que les médias ont rebaptisée “Calamity Parker” et à laquelle ils prêtent un passé de prostitution et d’activisme de gauche ? C’est l’énigme que devra résoudre son fils, Samuel, qu’elle a abandonné lorsqu’il était enfant. Devenu professeur dans une université du Midwest où il végète entre ses cours et les jeux en ligne, il va enquêter sur sa mère disparue et tenter de la comprendre, renouant ainsi avec sa propre trajectoire. Avec une grande maîtrise de la narration, un sens de l’analyse acéré et une certaine ironie, Nathan Hill, par un subtil jeu d’allers-retours entre passé et présent, revisite un pan de l’histoire américaine et dresse le portrait sans concession de l’Amérique moderne, d’une société, de sa morale, de ses démons et contradictions. “

Les fantômes du vieux pays” de Nathan Hill, Gallimard, 720 pages, 27 dollars.