A à peine 40 ans, Ziad Feghali est l’un des acteurs incontournables du jeu vidéo arabe. Aujourd’hui, il poursuit sa carrière d’entrepreneur digital avec un nouveau projet : Living Book, une plate-forme en ligne qui permet de créer des livres pour enfants personnalisés, qu’il a mis sur pied avec l’aide de l’accélérateur Speed@BDD. Encore en développement, Living Book sera lancé en 2018.

N’importe qui avec une idée peut aller sur la plate-forme et créer un livre personnalisable. Ce livre va ensuite dans la bibliothèque de Living Book où les parents peuvent l’acheter – en format digital ou imprimé – et modifier les paramètres qu’ils souhaitent comme les attributs du personnage principal ou une partie du texte.

Selon lui, les autres plates-formes de ce type offrent aux auteurs en moyenne 0,2 dollar par livre digital vendu, alors que Living Book rémunère entre 3 et 12 dollars par livre. Les livres imprimés sont vendus entre 25 et 60 dollars, sur lesquels les auteurs touchent 70 %.

« C’est un marché très lucratif, en tant que parent, je sais que si mes enfants veulent des livres je ne leur dirai jamais non », dit Feghali, qui souhaite rejoindre un nouvel accélérateur aux États-Unis et lever environ 200 000 dollars.

Après des études de design, Ziad Feghlai a débuté sa carrière à l’Université Saint-Esprit de Kaslik où l’université américaine DigiPen, spécialisée dans l’enseignement des jeux vidéo, venait d’ouvrir une branche. C’est là qu’il commence à développer des jeux vidéo qui servent de supports pédagogiques pour les élèves de DigiPen.

En 2007, il passe à la vitesse supérieure et décide de créer des jeux pour le grand public. Avec ses deux partenaires Karim Abi Saleh et Reine Abbas, il crée son entreprise : Wixel Studios.

La boîte démarre en flèche avec la sortie du jeu Douma ou “marionnettes” en 2008. Ce jeu gratuit sur internet a pour personnage des hommes politiques libanais qu’il faut faire combattre dans une arène.

« Comment attirer l’attention des Libanais ? Les gens parlent de politique toute la journée, donc nous avons fait des jeux politiques et ça a très bien marché, je ne me souviens plus exactement du nombre de joueurs, mais c’était énorme pour un jeu fait au Liban », se souvient-il.

Wixel Studios continue avec Furn el-Chebback, un deuxième jeu où l’utilisateur doit gérer un four à manakich. « Les gens ont adoré, c’était tellement addictif que le jeu a été interdit dans certaines entreprises à Dubaï », affirme Feghali.

La renommée de la start-up dépasse vite les frontières du Liban. Toujours en 2008, Wixel Studios développe Gaza Shield, un jeu engagé politiquement où le joueur entre dans la peau d’un habitant de la bande de Gaza qui doit éviter les missiles israéliens.

Ces jeux gratuits et grand public servent de produits d’appels pour la start-up qui vend ensuite ses services à des marques comme Nestlé, Ferrari ou al-Jazeera, qui développent des contenus publicitaires sous forme de jeux en ligne.

En 2012, Wixel Studios lève 300 000 dollars auprès de MEVP et Berytech contre des parts de capital que Ziad Feghali et ses partenaires ont depuis rachetées. L’entreprise poursuit aujourd’hui ses activités et a remporté en juin dernier la compétition EduApp4Syria, avec Antoura and the Letters, un jeu pour apprendre à lire et écrire aux enfants syriens déscolarisés.

En parallèle, fin 2014, Ziad Feghali et Reine Abbas ont lancé Spica Tech Academy, une plate-forme itinérante de formation pour enseigner aux enfants de 6 à 18 ans la production de jeux vidéo. En avril dernier, Spica Tech a remporté le premier prix de la compétition MIT Entreprise Forum Mena.

Ziad Feghali est par ailleurs enseignant à l’Académie libanaise des beaux-arts, l’Université Saint-Esprit de Kaslik, l’Université libanaise et à l’Université de Balamand où il assure des cours d‘animation 2D/3D, informatique, et d’histoire, de création et de marketing de jeux vidéo.