Si les rooftops se multiplient dans les régions, à Beyrouth les fêtards estivaux plébiscitent les terrains en plein air. Concentrés sur le Beirut Waterfront District (BWD), les établissements se livrent à une concurrence acharnée.

Le dernier en date, AHM, a été inauguré le 27 juillet.
Le dernier en date, AHM, a été inauguré le 27 juillet.

Parti en fumée lors d’un incendie en 2015, le pionnier des rooftops libanais ne pouvait espérer meilleure renaissance. « Le SkyBar a débuté la saison en retard avec une ouverture en août, mais depuis il affiche complet chaque soir, c’est bien au-dessus de nos prévisions », se félicite Chafic el-Khazen, président-directeur général de Sky Management. Situé sur le toit du O1NE, son nouveau complexe a nécessité un investissement de près de quatre millions et demi de dollars et peut accueillir jusqu’à 1 500 personnes à raison de quatre soirs par semaine. « Le nouveau SkyBar est une version améliorée de l’ancien, on a essayé de garder la même architecture, tout en l’embellissant », précise le gérant. À son inauguration en 2003 sur le toit du Palm Beach Hotel – il s’installera plus tard en 2007 dans le Beirut Waterfront District (BWD) sur le toit du Pavillon royal –, le SkyBar consacre à Beyrouth une tendance mondiale : celle de ces rooftops, espaces festifs en plein air avec vue dégagée. En 2006, le groupe Addmind emboîtera le pas en inaugurant le White sur le toit du journal an-Nahar, tandis que le Capitole optera pour le sommet de l’immeuble Asseily, à deux pas du Parlement en face de la place Riad el-Solh. Mais dans un Beyrouth à forte densité urbaine, où les décibels se heurtent aux réglementations de Solidere, certains propriétaires choisissent d’essaimer le modèle plus au nord. « Les loyers y sont moins chers, il n’y a pas de problèmes de parking, nous pouvons cibler une nouvelle clientèle en se rapprochant du Metn et du Kesrouan, explique Karine Khoueiry, responsable marketing d’Addmind. Pour une boîte de nuit, il est préférable de s’installer dans une zone industrielle. » Sur le toit de l’immeuble d’an-Nahar, le groupe inaugure donc un espace plus “lounge” avec le Iris et réinstalle le White à Dora. À l’image d’Addmind, d’autres professionnels de la nuit partent à l’assaut du Nord comme à Dbayé avec l’Oreent ou le Killer Queen. Le dernier du genre, le B voyait le jour fin août sur le toit du centre commercial Aïshti à Antélias.

Quant aux professionnels désireux de rester dans la capitale, ils ont dû renoncer aux toits, pour s’installer en bord de mer. Avec ses soirées Decks on the beach, la société Alternite lance le mouvement en 2012. « Il y avait des endroits pour faire la fête sur de la musique commerciale, mais pas pour des soirées électro-innovantes », raconte Olivier Gasnier Duparc, cofondateur du groupe. Tous les vendredis d’été, le Sporting Club se transforme en boîte de nuit à ciel ouvert, moyennant le paiement d’un loyer indexé sur le nombre d’entrées. « Le bilan de cette année est excellent. Avec entre 1 000 et 1 600 personnes chaque semaine, nous avons réalisé notre meilleur été », se réjouit l’organisateur. L’une des explications de ce succès : la venue de grands noms de la scène électro internationale : « Sur des soirées comme celles-là, nous enregistrons 200 à 300 personnes de plus que d’habitude », indique Olivier Gasnier Duparc, qui fixe le ticket d’entrée à 23 dollars. Sur ce segment des nuits beyrouthines, la concurrence se concentre principalement sur le Beirut Waterfront District (BWD). Ses espaces dégagés à quelques encablures du centre-ville en ont fait le cadre idéal. Pas moins de quatre clubs (en plus du rootfop du SkyBar) – Garten, MusicHall, Seven Sister – se disputent chaque week-end l’affiche. Le dernier en date, AHM, a été inauguré le 27 juillet. « Notre lancement a été un gros succès, nous avons fait le plein avec près de 5 000 personnes chaque semaine, revendique l’un des trois fondateurs qui préfère rester anonyme. Pour sortir du lot, les propriétaires – en plus de bénéficier du statut de “petit nouveau” – ont misé sur un design et un éclairage novateurs.

« C’est un milieu concurrentiel, il faut pouvoir offrir quelque chose de neuf et d’original », explique ce professionnel de la nuit qui détient aussi une partie du Grand Factory et de Reunion. Dans ce marché rythmé par une saisonnalité courte (les espaces en plein air ouvrent de mai à septembre), les professionnels du secteur anticipent l’entrée dans la basse saison. Loin de ses performances estivales, Alternite va rouvrir les portes de sa boîte de nuit Miss Jones dans le quartier Solidere, Caprice fermera de son côté son rooftop en mesure d’accueillir 8 000 personnes en été, pour un espace fermé d’une capacité de 600 personnes. Quant aux propriétaires de AHM, ils pourront se replier sur la notoriété Grand Factory en mesure d’accueillir jusqu’à 1 200 personnes. Sky Management misera sur le O1NE et sur le Sax, et le MusicHall reprendra ses quartiers à Starco. Le temps pour chacun de peaufiner sa stratégie bien au chaud. Avant l’été prochain.