L'oeuvre d'Etel Adnan a fait l'objet d'un combat entre trois collectionneurs. C'est finalement un amateur suisse qui l'a emportée.
L'oeuvre d'Etel Adnan a fait l'objet d'un combat entre trois collectionneurs. C'est finalement un amateur suisse qui l'a emportée. DR

Huguette Caland (1931) et Etel Adnan (1925) ont battu leur propre record de ventes publiques hier, lors des enchères d’At Auction organisées par la commissaire-priseur Nada Boulos-Assad. «Les femmes ont gagné la partie», s’amusait l’assureur Abraham Karabajakian, grand collectionneur et cofondateur de la collection Ka, présent lors de l’adjudication.

Réalisée à main levée, sur papier japon, l’œuvre de Huguette Caland, issue de la série «Silent Letters» (autour de 2000), s’est vendue 60 000 dollars (hors commissions), en phase avec son estimation. «C’est un record pour une œuvre de cette artiste sur papier», précise encore Abraham Karabajakian.

«Huguette Caland l’a réalisée lors de son séjour à Paris ; elle y exprimait un sentiment intime, qu’on devine à demi-mot, sans doute sentimental», fait valoir Nada Boulos-Assad.

Il y a quelques années, lors d’une enchère à l’étranger, une œuvre de Huguette Caland avait certes été adjugée 330 000 dollars, mais la vente était à visée caritative, la valeur des pièces étant largement déterminée par l’aspect philanthropique.

Quant à Etel Adnan (illustration), son aquarelle sur papier  issue de la série «Ink Pots»  (2004)  s’est vendue quelque 40 0000 dollars (hors commissions). «C’est un record tous médias confondus pour cette artiste», ajoute Abraham Karabajakian. Trois amateurs ont d'ailleurs bataillé dur pour l'obtenir  et c'est un collectionneur suisse au téléphone qui l'a finalement emportée.

Une œuvre de la même série (datée de 1993) en noir et blanc avait été présentée en 2016 lors d’une vente Christie’s à Londres. Elle n’avait alors pas trouvé preneur. «Celle d’hier possédait une qualité esthétique remarquable», assurait l’amateur.

 «Si leurs toiles se vendent parfois plus chères en galerie, ce sont les plus grosses enchères à ce jour pour ces deux artistes, que le marché n’avait pas encore remarquées à leur juste valeur. La qualité des adjudications monte au Liban ». 

La vente présentait, il est vrai, plusieurs autres pièces intéressantes, et notamment de femmes artistes. Une magnifique toile d’Yvette Achkar (1928) était ainsi proposée à l'encan - elle est partie finalement à 54 000 dollars, hors commissions – ainsi que plusieurs huiles de Helen Khal, dont l’une a été adjugée quelque 28 000 dollars (toujours hors commissions).