Une start-up qui crée d’autres start-up, en s'appuyant sur des ressources partagées et une équipe multidisciplinaire, ça s’appelle un start-up-studio. Ces structures, dénommées aussi “start-up factory” ou “company builder”, connaissent un succès grandissant à l’étranger. Au Liban, les premiers à avoir importé le concept sont Karl Abouzeid et Ziad Jureidini, fondateurs de SQWIRL. « On voit des entrepreneurs qui passent des mois et des mois à faire des recherches, à peser le pour et le contre, or nous, nous pensons qu’il faut se lancer très vite. Il ne faut pas avoir peur d’entrer sur le marché. Dans le monde des start-up, il n’y a que deux voies possibles : l’échec ou le succès, il n’y a rien entre les deux et il faut l’accepter », dit Karl Abouzeid, qui a déjà créé et fermé deux entreprises.

Chez SQWIRL, les choses vont en effet très vite : deux semaines pour développer une idée, trois autres pour avoir un produit viable. L’objectif est de créer cinq start-up par an. « Ce n’est pas tant l’idée qui est importante que son exécution. Il faut rapidement mettre le produit sur le marché et se servir du retour des premiers clients pour avancer », explique Ziad Jureidini, ancien publicitaire.

Au départ, SQWIRL était un tout autre projet. Après un passage par l’accélérateur Speed@BDD, la start-up a été lancée en juin 2016, avec 40 000 dollars d’investissement initial, en tant que plate-forme et application mobile de livraison. Six mois plus tard, avec plus de 5 000 livraisons effectuées, Jureidini et Abouzeid savourent leur succès et se lancent à la recherche d’investisseurs. Mais « quand on a voulu lever des fonds, tout le monde nous a dit non », racontent-ils.

Le duo décide alors de changer de modèle en misant sur son principal atout. « Notre force était la rapidité avec laquelle nous avons lancé le projet et séduit les clients. C’est ce modèle qu’il fallait répliquer. » L’idée plaît à Henri Asseily, du fonds Leap Ventures, qui apporte le financement en série A. Le montant n’a pas été rendu public, mais il devrait permettre au start-up-studio de fonctionner pendant trois ans.

Six mois après ce repositionnement stratégique, SQWIRL est aujourd’hui une holding qui regroupe quatre start-up. La première, Haulo, est la continuité du concept initial de SQWIRL, soit la livraison, mais centrée vers le secteur de la logistique. La plate-forme relie les détenteurs de stocks aux transporteurs de frets, typiquement, les camions.

Testée d’abord au Liban, Haulo vise avant tout le marché saoudien et recherche des investisseurs. Les trois autres start-up n’ont rien à voir avec la livraison : Socialang est une plate-forme qui permet d’apprendre une langue étrangère via des sessions de discussions avec des professeurs originaires du pays de la langue recherchée, qui sera disponible début 2018 ; Circle est un système mobile et web qui améliore la communication entre collaborateurs d’une même entreprise ; et Codenut, un service de conseil, de développement et d’exécution qui propose aux start-up de créer, à partir d’une idée, un produit viable en un temps record.

Si à ce stade toutes les idées viennent du couple Jureidini-Abouzeid, SQWIRL a vocation à prendre sous son aile des projets venus de l’extérieur. « Nous sommes évidemment ouverts aux idées des autres, il suffit de nous contacter », disent-ils. Récemment, SQWIRL a été repérée par le magazine Forbes : la start-up figurait parmi le Top 100 des start-ups du monde arabe, à la 31e position.