À la galerie Sfeir-Semler, Khalil Rabah propose une déambulation dans quatre départements de ce “musée palestinien”. Il y confronte certaines de ses œuvres anciennes à des productions nouvelles et semble vouloir nous dire que le présent n’est qu’une réitération du passé. D’ailleurs, l’une des pistes de réflexion que l’exposition explore est la notion "d’historicité” de l’art et son pouvoir mémorial dans le cas spécifique de l’art palestinien. « Interroger et me réapproprier des œuvres anciennes me permet de repenser le rôle de l’art et de révéler une autre signification que celle que j’attribuais à mes créations au moment de leur conception », explique-t-il.

Entre fiction et critique, Khalil Rabah bouleverse les définitions que nous croyons intangibles : qu’est-ce qu’un musée ? Qu’est-ce qu’une œuvre d’art ? Comment représenter un État ? « Il ne s’agit pas d’un “État” national palestinien, mais d’un “état” de la condition des Palestiniens », fait-il valoir. Ce détournement sémantique se matérialise dès la première salle : on y scrute un sol jonché de cartes, représentant différentes régions de la Palestine éparpillées aux quatre coins du monde, dont une énigmatique “Favela Nova Palestina” au Brésil. « Délimiter des territoires peut-il sauver l’humanité ? » s’interroge-t-il. Pour l’artiste, la réponse semble toute trouvée : Khalil Rabah se désengage de l’idée de “territoire” ou de “pays” pour mieux inventer un “environnement” de symboles –à l’instar de l’olive, reprise dans plusieurs œuvres et qui en appelle à la conscience collective.

Galerie Sfeir-Semler, jusqu’au 7 avril, Tél. : 01/566550.