Beirut Art Center (BAC) accueille la première exposition dans la région de l’artiste belge, expatrié à Mexico, Francis Alÿs (1959). Exilé, Francis Alÿs est l’auteur d’œuvres conceptuelles, qui suggèrent souvent l’idée de déplacement ou d’errance. Son travail a déjà été présenté à la Tate Modern ou encore au MoMA. Son goût des voyages l’a poussé à arpenter la région du Moyen-Orient, peut-être parce qu’elle représente un “centre tellurique” autour duquel s’agrègent les grandes passions humaines. Francis Alÿs a ainsi retracé, à l'aide d’un pot de peinture, les limites de 1948 entre Israël et la Palestine, le temps d'une longue marche. Mais il a aussi fait le tour du monde en cinq semaines, de Tijuana (Mexique) à San Diego (États-Unis) pour éviter… justement de franchir la frontière entre ces deux pays.

Heureux hasard, lorsqu’il baguenaude au Liban en 2015, il tombe sur une improbable “anomalie climatique” : une tempête de sable rouge qui, pendant plusieurs jours, donne à Beyrouth la couleur sépia du décor du dernier Blade-Runner. On apprendra, par la suite, que cette étrange tempête était due aux longues années de sècheresse qui sévissait en Syrie ou en Libye. Pour Francis Alÿs, qui a notamment travaillé toute une décennie sur les tornades, le parallèle avec son travail est trop évident pour être ignoré : l’artiste se précipite dans les rues de la ville, caméra au poing, pour chercher ce moment de “contact absolu” avec les éléments.

C’est précisément ce que retrace l’exposition Knots’n Dust : « Une allégorie de la situation (du Liban) au cœur d’une tornade », comme le rappelle Marie Muracciolle, dans un article de L’Orient-Le Jour. L’exposition explorant la notion de turbulences sous toutes ses formes : un mouvement central qui engendre de larges conséquences affectant autant le minuscule (la poussière) que le monumental (un pays tout entier).

Bien sûr, Knots’n Dust ne se contente pas d’évoquer ces intempéries. Elle compose aussi un dialogue entre des œuvres nouvelles et d’autres plus anciennes. « Il est important pour moi de montrer l’histoire d’une œuvre pour révéler la liberté du processus créatif », explique Francis Alÿs. Exposé jusqu’au 8 avril, ce projet inédit, dont Beyrouth a la primeur, doit ensuite être accroché à l’Ikon Gallery de Birmingham (Angleterre).

Beirut Art Center, Jisr el-Wati, 01/397018, jusqu’au 8 avril.