Créé à Londres, le programme de formation au digital, Growth Velocity Academy, a fait sa première escale à Beyrouth à la mi-mars. Une vingtaine de Libanais, réunis dans les locaux de Antwork, à Spears, ont ainsi bénéficié d’une semaine de formation en marketing digital. Parmi les sujets abordés : le SEO, l’intelligence artificielle, les campagnes ciblées sur les réseaux sociaux, ou encore l’analyse de données. Le prochain bootcamp est prévu en juin. « Nous avons choisi Beyrouth, car il y a un vrai besoin de formation dans les domaines techniques. Il y a aussi un manque d’opportunités dans cette région, et nous voudrions en créer. Nous offrons les mêmes prestations avec des tarifs adaptés, soit environ 1 500 dollars pour une semaine à Beyrouth contre 4 000 à Londres », explique Omar Lababedi, le cofondateur du programme.

Cet entrepreneur syrien connaît bien la capitale libanaise. Il y a fait ses études, à l’Université américaine de Beyrouth, avant de s’installer à Londres en 2002 et se spécialiser dans les investissements immobiliers. « Je faisais construire de grands immeubles pour de riches clients, je n’avais même pas trente ans, mais je n’étais pas heureux », se souvient-il.

Il quitte alors son emploi et suit un MBA en entrepreneuriat, investissement et énergies renouvelables au Imperial College de Londres.

En 2010, il rentre en Syrie et participe au lancement de Foodleco.com, le premier supermarché en ligne du Moyen-Orient. L’opération est un carton, les clients peuvent commander leurs produits en moyenne 20 % moins chers qu’en magasin, mais une série de problèmes avec les fournisseurs met rapidement un terme à l’aventure. « En tout ça a duré un an, huit mois où nous sommes montés très haut très vite, et quatre mois où tout s’est effondré. C’était la première fois que j’investissais de l’argent dans une entreprise et j’ai tout perdu d’un coup », dit-il, sans vouloir spécifier le montant de son apport.

Il revient alors à son métier de base et développe Sindos, une branche syrienne de Habibu Engineering, l’entreprise de construction détenue par sa famille au Nigeria. Mais la guerre l’oblige à retourner à Londres où il est approché par un ami saoudien qui lui propose de développer des projets de construction en Arabie saoudite. Quelques mois plus tard, il est actionnaire à 49 % d’une société de gestion de projets et travaille, entre autres, sur le développement d’un hôtel à La Mecque. 

« À l’époque, deux choses me motivaient : le défi de réussir dans un pays réputé difficile et l’envie de renouer avec mon identité arabe, sachant que finalement j’avais passé très peu de temps dans cette région du monde », explique-t-il.

L’expérience saoudienne ne dure que deux ans. En 2014, Lababedi décide de tourner définitivement la page. « J’ai réalisé que je vivais la vie parfaite que je pensais qu’il fallait vivre, mais qu’en réalité j’aspirais à autre chose. »

Cette fois, il s’accorde six mois de pause et voyage seul en Amérique du Sud. À son retour à Londres en 2015, il aide une amie à monter Muncho, une application qui propose des recettes santé, puis se passionne pour l’agriculture durable en fondant en 2016 Good & Proper, une start-up qui facilitait l’investissement et la vente d’actions dans des fermes bio britanniques.

Pour améliorer ses compétences en marketing digital, il suit une formation auprès de Howard Kingston, un serial entrepreneur. Après une première collaboration sur une campagne, ils fondent ensemble la Growth Velocity Academy. Un projet que les deux partenaires veulent désormais développer au Liban, avec de nouvelles sous-disciplines comme la programmation informatique ou encore les technologies UX. À terme, la Growth Velocity Academy souhaite aussi explorer le marché émirien.