La fondation Dar el-Nimer (Clemenceau) accueille depuis le 11 avril la première exposition personnelle de Larissa Sansour au Liban. “The Sci-Fi Trilogy” réunit notamment trois films majeurs de cette artiste palestinienne.

Larissa Sansour est née à Jérusalem-Est en 1973, mais a vécu la plus grande partie de sa vie hors de la Palestine. Expatriée, elle s’est confrontée très tôt aux écueils liés à la narration de l’histoire palestinienne, quand les informations perçues fluctuent selon les sources et influencent la perception que l’artiste elle-même peut avoir de l’histoire de son pays.

Pour court-circuiter cette appropriation culturelle, l’un de ses outils privilégiés est la science-fiction. Un basculement vers le futur qui lui permet d’alterner les points de vue et de renverser les chronologies. L’absurde et l’humour, armes contre l’occupation israélienne, font également partie de son travail : «C’est un petit pas pour un Palestinien, mais un grand pas pour l’humanité», proclame ainsi un astronaute – en fait l’artiste grimée – en plantant le drapeau palestinien sur la Lune dans sa vidéo “Space Exodus” (2009), un pastiche de l’“Odyssée de l’espace” de Stanley Kubrick.

Larissa Sansour soutient ainsi que «dans le cas de la Palestine, les ambitions que nous souhaitons accomplir sont devenues tant répétitives qu’elles créent un mélange étrange de nostalgie et d’accomplissement que la science-fiction incarne».

Parmi les œuvres présentées, le film “In the future they ate from the finest porcelain” (2016) : il présente une série de photos où se mélangent science-fiction, archéologie et politique au Moyen-Orient. L’artiste s’y interroge notamment sur la construction mythologique. « Les mythes ne créent pas seulement des faits, mais aussi une identification. Les gens commenceront à s’y reconnaître et, de ce fait, naîtra une nation », explique-t-elle dans une chronique (2015) du quotidien Le Monde, dans une définition, qui renvoie in fine autant à la création d’un futur État palestinien qu’à celui d’Israël.

Fondation Dar el-Nimer for arts and culture, darelnimer.org, jusqu’au 6 juin.