Banlieue de Bologne, quartier Labriola. « Ce n’était que ronds-points et échangeurs. Feux de circulation, hangars, camions ; et des traces de petits faubourgs restées ici ou là, comme des cosses ramenées sur le rivage. »

Il y a ceux qui n’ont d’horizon que le périphérique et ceux qui vivent de l’autre côté de la route et de la barrière sociale. Chacun porte un nom qui le définit, l’enferme et le condamne.

Les premiers, les “Bolofeccia”,  la racaille, des « gamins de banlieue, mal fagotés, en marge, en trop » et les autres, les nantis, les “Bolobene”.

Entre les deux, des liens invisibles, des destins qui se croisent sans jamais véritablement se rencontrer.

Adèle vit avec sa mère et sa sœur à la cité des Lombriconi. À dix-sept ans, elle s’apprête à accoucher sous X et à abandonner son enfant dont le père est en prison, espérant ainsi lui donner une chance de vie meilleure.

Depuis leur appartement cossu du centre-ville, Dora et Fabio, eux, auraient tout pour être heureux si ce n’était l’infertilité contre laquelle ils se battent depuis cinq ans. Au seuil d’entamer des démarches en vue de l’adoption, ils ont épuisé leur force sinon leur mariage tout entier.

Et puis, il y a, Zeno, le voisin d’Adèle et l’élève de Dora, qui telle une passerelle entre deux mondes étanches, est le témoin silencieux de ces vies parallèles déchirées par la question de la maternité. Désir contrarié pour l’une, accident pour l’autre : autant de croche-pieds à l’image qu’on se ferait d’une “vie parfaite”.

Avec ce dernier roman, Silvia Avallone poursuit son exploration des laissés-pour-compte des années Berlusconi et fait entendre la voix d’une génération sacrifiée. Elle livre un roman social d’une grande force, à la plume aussi réaliste qu’engagée.

Silvia Avallone, “La vie parfaite”, édition Liana Levi, 24 dollars.