Vue de l'exposition
Vue de l'exposition "La fabrique des illusions". Collection Fouad Debbas et commentaires contemporains au musée Sursock. Commissaires : François Cheval et Yasmine Chémali.

C’est une très belle exposition qu’accueille le musée Sursock jusqu’au 12 mai 2019. On peut y admirer un large panel d’images “orientalistes”, issues de la collection Debbas, mises en regard du travail de dix artistes contemporains.

Certains sont libanais, comme Nadim Asfar ou Randa Mizra, d’autres européens, comme la Finlandaise Élina Brotherus. « C’est la première fois que la photographie ancienne dialogue ainsi avec des œuvres contemporaines », explique Yasmine Chémali, la commissaire qui a travaillé en partenariat avec François Cheval, ancien conservateur du musée Nicéphore-Niepce (France), au montage de cette exposition.

Ce parcours entre passé et présent est une excuse pour se pencher sur l’Histoire de la photographie dans la région. « À l’époque, on considérait que la photographie incarnait une représentation fidèle du réel », souligne la commissaire. Pourtant, les photos de Félix Bonfils ou de Charles Lallemand présentées ici portent davantage sur une illusion.

« Les photographes européens, qui entamaient le “voyage en Orient”, entendaient cataloguer les peuples, les traditions et les monuments de la région », poursuit Yasmine Chémali. Mais ils ne pouvaient s’empêcher de les regarder avec une sorte de déformation romantique, quasi-orientaliste.

« À la fin du XIXe siècle, il y avait une vision de l’Orient “occupé” plusieurs siècles par les musulmans. Et qui retournait enfin au récit biblique originel. » Mais l’exposition ne se contente pas de révéler les préjugés de l’époque. Plus important, elle illustre une définition de l’art photographique comme théâtre de la vie. « On a longtemps comparé le daguerréotype à la peinture. Mais il me semble avoir autant d’affinités avec le théâtre en particulier dans son attention à la lumière, à la composition de l’image comme un décor… », souligne la commissaire.

En cela, la première salle, où sont exposées les ombres chinoises de l’artiste britannique Mac Adams, rappelle tout le potentiel fictionnel de ce média à la théâtralité assumée.

Musée Sursock, jusqu’au 12 mai 2019.