C’est un univers à la scénographie affirmée que nous propose Tamara al-Samarraei de prime abord. Sur la toile, on découvre des espaces intérieurs. Puis, des corps se dessinent, des formes récurrentes apparaissent. Les lignes s’épanchent, les contours se marquent ou se dérobent. Alors s’opère comme une dilution du réel qui semble interroger les apparences : la représentation fait place à l’indicible. “What Floats in Space” est la seconde exposition de l’artiste à la galerie Marfa’. En décembre 2015, la galerie avait choisi de présenter “Let Me Stay a Little Longer”. Cette exposition, si elle n’en est pas le prolongement, met néanmoins en œuvre des thématiques déjà présentes où s’exprime la fascination exercée par un objet. Ce qui caractérise le processus de création de Tamara al-Samarraei, c’est une démarche préalable de collecte d’images, notamment des photographies issues de son enfance ou de sa pratique personnelle. Ces images éparses s’accumulent, puis elles s’ordonnent, constituant des catégories. Ensuite, au moment d’aborder la matière picturale, « la continuité de cette image disparaît au profit d’un objet qui surgit », ainsi que l’explique l’artiste. Entre transparence et opacité, ses obsessions déploient leur singularité : on y trouve l’eau, les intérieurs et plus particulièrement le végétal, parce qu’aux yeux de l’artiste « il représente la dualité entre la vie et la mort ». On y voit aussi des formes sombres à la présence mystérieuse, que l’utilisation du fusain intensifie et que l’on retrouve, dans la salle d’exposition, sous la forme de sculptures. « Pour la première fois, elles ont été extraites de la toile et objetisées », souligne Joumana Assaily, fondatrice de la galerie, mettant ainsi l’accent sur une exploration nouvelle dans la pratique de l’artiste. Il y a de l’onirisme dans ces œuvres où la fluidité se confronte à ce matériau obscur qu’est le noir. Un onirisme qui nous séduit et nous emporte.
Galerie Marfa’ jusqu’au 13 août. Tél. : 01/571636.