« Avec elle, Anton s’était dit qu’il aurait la vitesse, l’ivresse. Tout le reste ne serait qu’anecdotique. » Anton ne s’est pas trompé, c’est une vie en accéléré que lui offre Rebecca, lorsqu’il se marie avec elle.

Rebecca… Une femme sensible, à la fois femme-enfant et mère aimante, Rebecca si belle, fantaisiste et fantasque. Trop, Rebecca toujours trop. Trop de lumière et de nuit en elle. Au sortir de l’adolescence, elle avale des médicaments dans la pharmacie familiale. Pour essayer, pour exister.

Elle y prend goût, passe d’une drogue à une autre, elle goûte à l’interdit, aux milieux noctambules et interlopes, elle se brûle à la flamme de ces paradis artificiels, tangue et se perd. Elle ne se trouvera jamais vraiment. « À trop flirter avec la démence, à trop rôder parmi les vices… À boire, fumer, mentir. À se défoncer jusqu’à ne plus se sentir. »

À ses côtés, Anton, son mari, se tient droit comme un phare, au cœur de cette famille qu’ils ont fondée ensemble : trois fillettes sont nées coup sur coup de leur amour. Elles dérivent au gré des vagues à l’âme de leur mère. Elles flottent, elles ont le mal de mère. Elles déploient des trésors de malice et d’astuces pour la sauver de ses ombres. Elles sont ses bouées, des ancrages.

Pour ses filles, Rebecca s’accroche, se reprend, se promet « de ne plus…». Mais y arrivera-t-elle ? Avec ce roman, Clarisse Gorokhoff, auteure en 2017 de l’audacieux “De la bombe” signe le portrait attachant et tendre d’une mère à la dérive, un cri d’amour. Une plume à suivre de très près en cette rentrée littéraire.

“Les fillettes”, Clarisse Gorokhoff, éditions des Équateurs, 20 dollars.