Un consortium d’entreprises a présenté au Premier Ministre Saad Hariri un projet de Partenariat Public Privé (PPP), visant à établir une ligne de train à haute vitesse entre Beyrouth et Chtaura, avec un coût estimé à 4 milliards de dollars.

Dénommé « Levant Gate », ce projet prévoit la création d’une ligne de train rapide qui démarrerait à l’emplacement de l’ancienne station de Mar Mikhael avant de s’enfoncer, 15 kilomètres plus tard, entre Baabda et Aley, dans un tunnel de 25 km.

Son terminus se situerait à proximité de la ville de Chtaura où un « port à sec », une plateforme logistique de plus de 3,7 millions de  m2, dont plus de 663.000 m2 d’entrepôts et 150.000 m2 de postes douaniers,  serait construit « sans mesure d’expropriation », assure Oussama Zahran, le fondateur du groupe libanais Eastern Resources, qui en a réalisé les études de faisabilité.

Lire aussi : Une nouvelle association pour promouvoir les partenariats public-privé

Cette ligne ferroviaire pourrait, à terme, permettre à 70.000 individus par jour d’effectuer les 42,5 km séparant la capitale de la Békaa en seulement une douzaine de minutes, selon les chiffres communiqués par Eastern Resources, le tout à un prix « plus économique que la voiture ».

Mais l’idée est surtout de faire du Liban la porte d’accès du Moyen-Orient pour le transit des marchandises : depuis Chtaura, les 13.000 containers quotidiens que le train peut transporter, pourraient alors continuer vers la Syrie, la Jordanie ou l’Irak, en profitant du réseau routier panarabe.

Conçu il y a près de cinq ans, le projet Levant Gate a refait surface après l’approbation, début août en commissions mixtes parlementaires, d’un projet de tunnel reliant la capitale du pays à la Békaa. « Pour l’heure, le mode de transport privilégié dans ce tunnel est routier. Ce que nous proposons c’est d’en faire un passage exclusivement réservé aux trains », explique Oussama Zahran, sceptique quant à la possibilité d’accommoder ce tronçon à la fois pour les deux modes de transport.

Le groupe Eastern Resources s’est associé à des firmes internationales, dont l’Italienne Progen, l’Égyptienne Hamza Associates et la Malaisienne CHSS. Ces entreprises, spécialisées dans le Bâtiment Travaux Public (BTP), ont respectivement participé à la construction d’un train à grande vitesse entre Véron et Milan (Italie), du métro du Caire et de la Corniche d’Abu Dhabi.

Pour financer l’opération, Oussama Zahran souhaite ouvrir le capital de la future société qui exploitera la ligne en trois phases : la première serait réservée aux Libanais du Liban, la deuxième ciblerait la diaspora, et la troisième les investisseurs internationaux.

«Notre objectif est que la majorité des actionnaires soient Libanais, lesquels pourront acheter leurs actions à des prix préférentiels», explique Oussama Zahran.

Au final, la future société devrait compter entre 300.000 et 400.000 actionnaires.

Lire aussi : Une vingtaine de projets proposés au secteur privé

Le projet est une étape « bienvenue », estime Carlos Naffah, de l’ONG Train-Train, qui milite pour la réhabilitation des réseaux ferroviaires au Liban. «On peut considérer ce projet comme une première étape vers la création d’un réseau national. Nous avons besoin de davantage de décentralisation économique et la construction de ce premier réseau ferroviaire à grande vitesse pourrait en partie y contribuer», ajoute-t-il.

Méconnu du grand public, Oussama Zahran a supervisé de nombreux chantiers en Arabie saoudite, mais aussi au Liban, où il a participé à la création la Future TV et de la NBN, d’après Linkedin.