Le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) a annoncé le 10 décembre le lancement de la troisième phase de son programme de lutte contre la corruption dans les pays arabes. Financé par un don de plus de 9 millions de dollars de l’Agence coréenne de coopération internationale (Koica), ce partenariat vise en priorité l’Égypte, l’Irak, la Jordanie, le Liban, le Maroc, la Palestine et la Tunisie.

D’une durée de quatre ans, cette nouvelle étape « va permettre au Pnud d’étendre significativement sa coopération avec les pays de la région et de soutenir leurs efforts de mise en conformité avec la Convention des Nations unies contre la corruption (2003, NDLR) », a déclaré Susanne Dam-Hansen, directrice par intérim du centre régional du Pnud pour les pays arabes, basé à Amman.

« Cette troisième phase va nous permettre de poursuivre notre travail plus en profondeur en poussant à l’application des lois, en développant notre approche sectorielle – dans la santé, les douanes, ou encore l’énergie et la justice – et en continuant à soutenir la société civile », détaille Arkan el-Seblani, responsable au Pnud de la lutte anticorruption dans les pays arabes.

Le lancement par l’ONU de sa première initiative régionale « contre la corruption et pour l’intégrité », l’Aciac, remonte à 2010. Quelques mois plus tard éclataient les mouvements de contestation du printemps arabe, plaçant pour la première fois ce mal au cœur du débat public. La même année, en 2011, le Pnud annonçait la première étape de son programme régional de prévention et de lutte contre la corruption. Deux phases de quatre ans se sont succédé depuis, bénéficiant à plus de 5 000 entités issues des gouvernements, de la société civile et du secteur privé.

Le Liban n’en a cependant jusqu’à présent que relativement peu profité par rapport aux autres participants. Seuls 3 % des fonds débloqués depuis le début du programme lui ont en effet été alloués.

« La part du financement accordée à chaque pays n’est pas prédéterminée, et ce afin de maximiser l’impact et de conserver une part de flexibilité », explique Arkan el-Seblani. Or, depuis 2011, le Liban est resté pendant plusieurs années sans président puis sans gouvernement. « La vacance du pouvoir a limité la capacité du pays à mettre sur pied de nouveaux projets », explique-t-il.

D’autre part, le pouvoir exécutif n’a fait du combat contre la corruption une priorité que tardivement. « La lutte contre la corruption n’est inscrite dans les déclarations ministérielles que depuis 2017, à l’époque de l’entrée en fonctions de l’avant-dernier gouvernement Hariri », précise Arkan el-Seblani.

Malgré le peu de financements, quelques succès ont été enregistrés ces dernières années. Le Pnud a notamment collaboré à la rédaction d’une stratégie nationale, en attente d’adoption par le Parlement, ainsi qu’à l’adoption d’une loi sur l’accès à l’information, toutefois encore peu appliquée par les administrations publiques, arguant d’un manque de décrets d’application. « Beaucoup reste à faire, reconnaît Arkan el-Seblani. Même depuis 2017, nous avons constaté un manque de volonté politique. »