À l’occasion de la publication de son premier roman, la Franco-Algérienne installée au Liban revient sur les moments-clés de son parcours.

"Je suis un « pur produit de la cité ». Née de parents algériens installés en banlieue parisienne, ma vie était a priori dictée par mon milieu social. Ce sont les études qui m’ont permis de m’en extraire. J’étais une bonne élève et j’adorais le français, la littérature en particulier. J’ai pourtant choisi le droit international, car je souhaitais un métier qui soit lié à l’actualité, qui aille vers les autres. Je voulais aussi m’expatrier, sortir de mon milieu…

À la fin de mes études, je suis partie vivre en Égypte où j’ai démarché les ONG pour obtenir un emploi. J’ai fini par atterrir au Comité international de la Croix-Rouge, avec lequel j’ai baguenaudé dans les coins les plus durs de la planète : l’Irak, le Darfour …

L’un des événements majeurs de ma vie a été un stage d’arabe au Yémen. J’avais 20 ans et j’avais peur de n’être pas à ma place par rapport aux autres étudiants, tous issus de milieux plus favorisés.

Cela a été tout le contraire : je m’y suis enfin sentie à ma place. À partir de là, j’ai considéré que tout était possible. Je n’ai plus jamais hésité. Plus tard, je suis retournée vivre dans ce pays. C’était une mission difficile. Pour m’évader, j’ai commencé à écrire.

J’y ai rencontré mon mari, qui est libanais, et j’ai eu deux enfants. J’ai voulu leur raconter tout le chemin que j’avais accompli et mettre des mots sur cette “schizophrénie sociale” dans laquelle j’avais longtemps vécu entre mon milieu familial et la France ; mes désirs d’aventures et mon destin de fille… L’écriture en cela a été une vraie découverte, je m’y suis sentie en phase avec moi-même. J’ai eu l’impression de faire éclore quelque chose qui était là en moi depuis le début."

“Le choix de Naïma”, éditions Noir & Blanc, 2019.