Ouverte en 2000, la brasserie française Balthus, rue Ahmad Chawki, à Mina el-Hosn tire sa révérence. Pionnier du quartier, l’établissement de luxe attirait une clientèle d’hommes politiques et de banquiers. « On nous prenait pour des fous à l’époque, alors que ce quartier présentait de nombreux avantages, l’accès était facile et faisait la jonction entre l’est et l’ouest de la ville », se souvient son gérant et copropriétaire Anthony Nahas, dont la mère Frida Nahas a été la figure emblématique de l’établissement depuis 2001.

Mais depuis 2015, le quartier est devenu inabordable. De 35 000 dollars en 2000, le loyer est passé à 150 000 dollars en 2014, puis à 275 000 dollars en 2015. Malgré une renégociation du bail à 200 000 dollars en 2018, la situation était devenue intenable. En septembre 2019, la société 12 à table SAL, propriétaire du Balthus, réinjecte 500 000 dollars dans l’établissement afin de renouveler la carte, organiser des concerts et attirer une clientèle plus jeune. Mais le mouvement de contestation paralyse le centre-ville dès le mois suivant avant que le coronavirus ne signe la fin de l’aventure. Anthony Nahas souhaite publier un livre qui retrace l’histoire de cet établissement, symbole d’une époque qui semble aujourd’hui révolue.