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Qui a vu des rorquals près des côtes marseillaises, des coyotes aux portes de San Francisco, ou des canards dans les rues de Paris, sait que “quand le chat n’est pas là...” En l’occurrence, quand les activités de l’homme ralentissent, la flore et la faune prolifèrent dans ces territoires désertés que l’humain prédateur avait annexés de longue date.

Dans son essai, auquel la pandémie donne un écho nouveau, la Française Marielle Macé, normalienne et agrégée de littérature, nous invite à une réflexion pleine de sagesse et d’espoir. Spécialement, si on regarde du côté des friches, c’est-à-dire de ce “tiers-paysage” tel que l’a mis en valeur le biologiste et écrivain Gilles Clément, « ces milieux qui émergent sans programme et vivent en marge des zones d’aménagement urbain ou d’exploitation agricole… ».

À partir de l’exemple de l’écosystème de la noue, « ce fossé herbeux aménagé ou naturel qui recueille les eaux », l’auteure nous convie à imaginer d’autres manières de vivre, de panser, repenser un monde abîmé par le capitalisme, « ce qu’il a fait aux vivants, aux sols, au sentiment même du bien commun. L’enjeu est bien d’inventer des façons de vivre : ni de sauver (sauvegarder, conserver, réparer, revenir à d’anciens états) ni de survivre, mais de “vivre” en coopérant avec toutes sortes de vivants, en favorisant en tout la vie ». « À changer de registre d’abondances et d’élévations. » Inventer des liens, de nouvelles solidarités, interactions, interdépendances entre les espèces. « Un paradigme pour demain qui se résume en une simple et très belle expression à valeur de programme : “nouons-nous”. »


“Nos cabanes”, éditions Verdier.