Dans les années 1930, Marita quitte les îles Féroé (province autonome du Danemark dont elle est originaire), pour rejoindre son futur époux à Copenhague. De retour sur l’île, à l’occasion d’un voyage commémoratif qu’elle entreprend avec ses parents, sa petite-fille, qui revenait passer sur l’île ses vacances, se souvient.

Une haute masure adossée à la montagne. L’eau laquée de bleu. Les crevasses et le vent furieux de l’Atlantique. Le vert de mousse, vert de brouillard, vert bouteille. Le fumet de pommes de terre chaudes, les bouquets de bruyère, etc. Autant de petites choses d’où émerge sans bruit le grondement du monde. Souvenirs personnels, anecdotes familiales et mythes ancestraux s’entremêlent dans ce récit des origines sur trois générations au cœur duquel la question de l’héritage est centrale.

Car ce roman est d’abord une histoire de lien et d’exil, d’identité et de mal du pays. « De caractère étranger que l’on met dans la valise de la prochaine génération. » Pour cette famille, la migration s’étend sur trois générations. «La première ramasse ses racines et part. » « La génération suivante fait peut-être le grand écart sur la distance parcourue, jusqu’à ce que quelque chose se brise, devienne doublement mauvais, dénué de langage, doublement solitaire.» «Puis vient la troisième génération. À moitié chez elle dans son langage… Génération ni l’une ni l’autre.»

La narratrice appartient à cette dernière qui cherche une identité dans ses racines féroïennes. Premier roman salué par la critique, “L’île” vous cueille d’emblée et jusqu’au bout. Quelque chose sourd, qui appelle derrière les mots, quelque chose de plus grand que les phrases, qui tient de l’universel, parle au plus profond. Métaphysique sans prétention, sans démonstration. L’existence ici est révélée à travers un voyage poétique, l’écriture d’une beauté minérale, organique.

Édition Grasset.