NDF-Baalbeck
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Le Festival de Baalbeck n’a pas eu lieu cette année. Est-ce lié à la crise économique ?

Aucun festival ne fonctionne cette année. La faute à la crise économique, qui nous a privés du financement de nos habituels sponsors, dont la contribution représentait 80 % de notre budget, mais aussi à la pandémie du Covid-19. Interdire les grands rassemblements a rendu impossible la planification d’événements publics. Malgré tout, nous avons réussi à organiser un concert de l’Orchestre philharmonique du Liban, dirigé par le maestro Harout Fazlian. Sans public, il sera diffusé en direct sur la LBCI le 5 juillet. Pour nous, maintenir une date est une forme de “résistance culturelle” : dire que nous existons toujours et rappeler le rôle primordial de la culture même dans le contexte actuel.

Les industries culturelles ont-elles un rôle à jouer dans l’économie et la reprise économique ?

La diversité et l’importance des industries culturelles sont une des singularités de l’économie libanaise. La relance doit aussi passer par la culture. On ne le fait pas pour une petite élite artistique, mais parce que cela s’inscrit dans un système économique plus vaste. L’organisation d’un festival comme celui de Baalbeck a un impact sur l’ensemble de l’économie de la région, des hôtels aux restaurants, en passant par les commerces. Il y a tout un écosystème dont on ignore parfois l’existence. Vous avez aussi des dizaines de sociétés qui travaillent avec nous – lumière, électricité, son, image, nettoyage...

Quelles seraient les mesures que l’État devrait prendre pour aider le secteur ?

Depuis 2015, nous n’avons perçu qu’une partie de la subvention annuelle de l’État, et rien depuis 2018. Pour moi, il est essentiel que l’État tienne ses engagements financiers. Il y a, en outre, deux dossiers qui fragilisent nos finances. D’abord, la forte augmentation des frais de visas pour les artistes étrangers. À raison de 300 à 400 dollars par artiste, imaginez-vous ce que nous coûte d’inviter un orchestre. Puis il y a la contribution à la caisse mutuelle des artistes, à laquelle les festivals doivent reverser 10% du cachet des artistes étrangers invités et 2% des recettes de la billetterie. S’il ne s’agit pas de remettre en question l’existence de la mutuelle, son mode de financement doit impérativement être revu.