D.R.

Il y a trente ans, en 1990, Tony Batrouny ouvrait son premier Tonino, à Broummana. «Je travaillais à l’époque dans un restaurant, et j’ai eu envie de me lancer à mon propre compte», raconte-t-il. Une envie qui ne lui vient pas de nulle part. Près d’un siècle avant lui, son grand-père avait ouvert une boulangerie dans le village, transmise à son fils, et dans laquelle Tony a fait ses premières armes alors qu’il était encore étudiant en informatique à la LAU.

Le jeune homme opte alors pour un petit kiosque. «Avec mon partenaire, Roger Chebly, on a rapidement ajouté les crêpes et gaufres au menu», se souvient-il. Servies en après-midi, elles trouvent rapidement un large public, profitant de l'emplacement à côté d'une école.

Neuf ans plus tard, il ouvre une deuxième enseigne, rue Bliss à Beyrouth, visant les universitaires du quartier. Le petit kiosque de Broummana devient alors un vrai restaurant et ouvre une troisième enseigne à Jal el-Dib en 2004, avant d’octroyer sa première franchise à une enseigne à Saïda. Aujourd’hui, la marque réunit 25 établissements au Liban, dont 21 sous forme de franchises.

Tony Batrouny ne compte pas s’arrêter en si bon chemin et vise désormais l’international. Après une première expérience en Égypte, avec l’ouverture d'une franchise en 2010, fermée depuis, Tonino explore désormais d’autres pays du Moyen-Orient, du Golf et d’Afrique. «Nous sommes en discussion pour plusieurs ouvertures. L’objectif est de multiplier les enseignes à l’étranger et de devenir une marque de référence», affirme-t-il.

Une ouverture d’autant plus nécessaire que l’activité au Liban subit de plein fouet les effets de la dépréciation de la livre, la quasi-totalité des ingrédients utilisées étant importés, notamment la parte à tartiner qui accompagne sa crêpe la plus demandée.

«Nous essayons de limiter nos coûts sans transiger sur la qualité des ingrédients, nous sommes donc obligés de réduire nos marges drastiquement. La priorité est que nos différentes enseignes restent ouvertes, et que les salariés continuent d’être payés», explique Tony Batrouny, qui a négocié une baisse des loyers avec ses différents propriétaires, et réduit pour sa part les royalties demandées à ses franchisés.

Quant aux prix affichés, ils ont été largement revus à la hausse, mais dans une proportion moindre que ceux des produits importés. La crêpe qui était à 4 500 livres libanaises par exemple est passée à 10 000 livres. «Au taux actuel du marché noir, les crêpes que nous vendions à 3 dollars coûtent désormais 1,3 dollar», précise-t-il.

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Comme pour les autres acteurs du secteur de la restauration, il a également souffert des mesures de confinement, notamment le couvre-feu imposé en novembre à partir de 17h00 qui a pénalisé les livraisons à domicile.

Mais malgré les difficultés, Tony Batrouny veut continuer à écrire l’histoire de Tonino en famille. À 57 ans, il est désormais épaulé par son fils Assaad, et sera bientôt rejoint par le deuxième.


Cet article a été modifié après publication en date du 10 février 2021.