Dans une économie fermée, seules les constructions neuves ou les acquisitions de constructions neuves affectent l'économie réelle à travers l'investissement ou l'acquisition d'un bien de consommation durable, à savoir le logement. Les transactions sur des biens immobiliers existants ou le foncier en général n'ont pas d'impact économique. Au Liban, l'amalgame entre les deux catégories est dû au fait qu'une grande partie des transactions, tant sur le foncier que sur l'immobilier, sont financées par des apports en provenance de l'extérieur, qu'elles soient le fait d'émigrés ou d'étrangers et impactent donc indistinctement la balance des paiements. Elles permettent ainsi de financer le déficit des comptes extérieurs, ce qui les rend appréciables. En contrepartie, plusieurs effets négatifs se produisent : Le renchérissement du foncier augmente le coût de la vie ainsi que les coûts de production, et affecte donc négativement la population et les activités résidentes. Le logement devient moins accessible, les résidents sont poussés à habiter dans des régions de plus en plus éloignées et, par conséquent, à supporter des frais et des délais de transport. Les activités consommatrices d'espace telles que l'industrie ou l'agriculture sont pénalisées. Et la réalisation d'équipements publics (écoles, jardins publics, routes, etc.) est handicapée. La tendance à rendre constructible la quasi-totalité du territoire vise à attirer le maximum “d'investissements”, mais conduit au mitage des espaces naturels et agricoles, à des dégâts environnementaux qui peuvent être graves et à l'allongement des divers réseaux (routes, eau, électricité, égouts...), d'où des déficiences chroniques dans leur qualité. Cette volonté de favoriser les entrées de capitaux pour les orienter vers le foncier et l'immobilier s'est traduite par un allègement de la fiscalité foncière qui se réduit pratiquement aux droits d'enregistrement et aux droits de succession. La “taxe sur la valeur locative” n'est quant à elle rien d'autre que l'une des formes de l'impôt sur le revenu. Les plus-values foncières sont exonérées, sauf lorsqu'elles sont réalisées par des sociétés de capitaux, privant l'État et les collectivités locales de ressources qui auraient servi à une meilleure gestion du territoire, mais aussi des leviers nécessaires à l'application des dispositions réglementaires : classer une région comme agricole ou naturelle est perçu comme une injustice par les propriétaires qui se coalisent pour bloquer cette décision, alors que l'existence d'une fiscalité différenciée suivant les usages permettrait de contrebalancer cet effet négatif. De plus, la taxation foncière aurait un effet modérateur sur la formation des bulles immobilières et foncières. Triplement des droits d’enregistrement Entre 2003 et 2008, le “boom” foncier et immobilier a porté les droits d’enregistrement de 200 milliards de LL (soit 3,3 % des recettes publiques) à près de 600 milliards (5,9 % des recettes publiques).