Monopole et concurrence se définissent comme deux situations limites d'organisation de l’ensemble des entreprises qui produisent et vendent leurs produits sur un marché donné :
• En situation de “concurrence pure et parfaite”, aucune entreprise n'est à même d'influer sur le prix du produit, quel que soit son niveau de production ; le prix se définit donc sur le marché par la confrontation de l'offre et de la demande globales et chaque entreprise se doit de l'accepter, elle s'organise en conséquence poussant sa production jusqu'au moment où le coût de la dernière unité produite (coût marginal) devient égal au prix de marché.
• En situation de “monopole”, une seule entreprise est présente sur le marché et elle ajuste simultanément sa production et son prix de vente à la courbe de demande globale du marché (quantités demandées en fonction des prix offerts), de manière à maximiser son profit ; elle produit alors moins et vend plus cher qu'en situation de concurrence pure et parfaite.
Il s'agit donc à la fois de deux “structures de production” et de deux “logiques de comportement”. Ces deux types extrêmes d'organisation du marché, et plus particulièrement celui de la “concurrence pure et parfaite”, existent rarement dans la réalité. Le simple fait de mener une étude de marché et d’engager des opérations de marketing est en contradiction avec cette dernière théorie selon laquelle un producteur doit se contenter de produire au meilleur coût la quantité qui maximise son profit pour un prix donné fixé par le marché. C’est ce qui se passe uniquement pour les produits de base standardisés, comme le blé. Ces deux concepts ont pourtant une importance majeure dans la réflexion et dans l'analyse économique.
Les cas intermédiaires de “concurrence imparfaite” ont été théorisés, en particulier :
• Les oligopoles, où un petit nombre de producteurs se partagent un marché donné et sont tentés de s'entendre sur les prix pour les pousser à la hausse ; leur étude est l'un des domaines favoris d'application de la théorie des jeux.
• La concurrence monopolistique où, du fait de la différenciation des produits par les effets de marque et de labellisation, chaque entreprise se retrouve en situation de “monopole local” sur sa “niche” de marché, la concurrence se situant aux frontières de ces niches. Ainsi, Renault a le monopole du produit “Mégane” et Procter and Gamble celui du produit “Ariel”.
Dans le langage courant, on tend à rattacher le monopole à la position exclusive (ou du moins largement dominante) en termes de parts de marché que détient une entreprise donnée. En fait, davantage que cette notion de part de marché, ce qui compte en termes économiques, c’est la capacité de l'entreprise en question à influer sur les prix et à les pousser au-dessus du niveau (théorique) d'équilibre de marché.
Un développement important a été apporté à ce propos par la théorie des marchés contestables (1). L'argument est simple : il y a monopole dès lors qu’aucune entreprise potentielle (et non plus nécessairement existante) ne peut concurrencer l'entreprise installée, “contestant” son emprise sur le marché. Il suffit que cette menace potentielle soit crédible pour qu'un monopole (en termes de parts de marché) se conforme à la “logique de comportement” concurrentielle et vende au coût marginal. Le critère déterminant devient alors celui des “barrières à l'entrée” ; si ces barrières sont élevées, l'arrivée du concurrent potentiel devient improbable et la guerre des prix que lui livrera l'entreprise installée sera dissuasive. Les barrières à l'entrée tiennent pour une large part à l’importance des coûts fixes, mais dépendent aussi de considérations institutionnelles. Les études sur le “développement des affaires” (“doing business”) se focalisent sur ces points ainsi que les législations récentes qui visent à encourager la concurrence.
À des fins de symétrie, mais avec un intérêt moindre, on appelle monopsone les situations où il n'y a qu'un seul acheteur sur un marché donné.