Un article du Dossier

Private equity : un premier bilan

Byblos Venture

Date de création : 2007, en partenariat avec la Banque européenne d’investissement pour prendre des participations dans des entreprises libanaises et levantines (Syrie, Jordanie et Égypte).
Taille : 20 millions de dollars. Il était prévu que le capital soit porté dans un deuxième temps à 50 millions de dollars.
Ticket : un à deux millions de dollars
TRI (taux de rendement interne) visé : 20 à 30 % annuel
Management : Joseph Moussalli
Transactions : en février 2007 – voir Le Commerce du Levant 5584 – la société annonçait être sur le point de finaliser deux investissements dans le secteur industriel. La finalisation n’a pas eu lieu. Les spécialistes du private equity attribuent la cessation d’activité du fonds à sa relation incestueuse avec la banque qui l’a créé, celle-ci ayant gardé un grand rôle dans les prises de décision du fonds ; or l’approche d’une banque commerciale qui prête en échange de garanties est fondamentalement différente de celle d’un capital investisseur qui parie sur la capacité de l’entreprise à générer des cash-flows. 

EuroMENA/Capital Trust

Capital Trust gère deux fonds EuroMENA I lancé en mars 2006 et EuroMENA II lancé en juin 2009. Seuls 30 à 40 % des fonds sont alloués au Liban, le reste étant investi au Levant et en Afrique du Nord. Les actionnaires d’EuroMENA II sont les mêmes que ceux d’EuroMENA I : Proparco, la BEI et la Caisse des dépôts et consignation ainsi que des Saoudiens, des Koweïtiens et des particuliers fortunés.
Taille du fonds EuroMENA I : 63 millions de dollars.
Taille du fonds EuroMENA II : 80 millions de dollars au premier closing, portés à 100 millions en juin 2010.
Management : Romen Matthieu, Gilles de Clerck.
Ticket : jusqu’à 15 millions de dollars.
Taux de rentabilité interne (TRI) visé : supérieur à 25 % et multiple de fonds propres supérieur à deux.
La taille des transactions varie entre 20 et 40 millions de dollars, Capital Trust n’hésitant pas à faire appel à des coinvestisseurs.
Stratégie d’investissement : les fonds EuroMENA n’ont pas recours à l’effet de levier. Ils ciblent des entreprises avec 20 à 30 % de croissance du chiffre d’affaires par an. Leur stratégie d’investissement consiste à prendre des participations minoritaires avec siège au conseil d’administration. La durée du fonds est de sept ans, sachant que la durée d’investissement est de quatre ans. 
Au Liban, le fonds a effectué trois investissements :
- Sodamco, du groupe Debbane en juillet 2007. Investissement : 15 millions de dollars. La participation a ensuite été partiellement (60 %) cédée à Saint Gobain en 2009  ; 
- Intercontinental Bank of Lebanon en janvier 2008 dont le total bilan est de  2,5 milliards  de dollars . Investissement : 8,5 millions de dollars.
- Chedid Capital Holding en octobre 2008. La société de courtage en assurance et réassurance Chedid Re détient une licence pour une activité en Arabie et au Qatar – y compris pour une activité d’assurance directe au Qatar. Investissement : 6 millions de dollars.
Les fonds EuroMENA comptent également plusieurs investissements à l’extérieur du Liban.

Middle East Venture Partners

Date de création : juin 2010. Middle East Venture Partners a été créé par Walid Hanna, Tarek Sadi et Rani Saad. Les trois mousquetaires ne sont pas des nouveaux venus dans le monde de l’investissement ; chacun a fait ses armes dans des sociétés renommées ou créé son propre business. Ils ont récemment clôturé leur premier tour de financement de dix millions de dollars, essentiellement auprès d’investisseurs fortunés libanais et saoudiens.
Taille : 10 millions de dollars au premier closing, dont 40 % au maximum alloués au Liban. Un deuxième closing de 20 millions de dollars devra avoir lieu par la suite.
Ticket : un million de dollars.
TRI visé : 30 % annuel.
Management : Walid Hanna, Rani Saad et Tarek Saad.
Stratégie d’investissement : le Levant et l’Égypte sont la cible géographique, avec une allocation maximale de 15 % possible en dehors de cette zone. Les secteurs de prédilection sont : la technologie, les services, les marques. Le fonds considérera aussi des investissements dans des activités de business to business, la logistique, le tourisme, l’agroalimentaire. En Syrie, le fonds s’intéresse principalement à l’agroalimentaire et aux industries légères. En Jordanie, à la technologie et la logistique. En Égypte, aux industries à valeur ajoutée. Les prises de participation sont minoritaires. La durée de vie est de six ans, avec une extension possible d’un an.
Transactions : pour commencer, MEVP a racheté le portefeuille de Dubai International Capital (DIC) – sur lequel Walid Hanna avait travaillé lui-même du temps où il était chez DIC.
Par ailleurs, au Liban, MEVP a déjà investi 286 mille dollars pour une participation de 27 % dans Pin Pay, operateur de paiements via cellulaire, (voir Le Commerce du Levant d’avril 2010). Le deuxième tour de financement d’un million de dollars est prévu pour le dernier trimestre 2010.
Pour s’assurer une porte de sortie, Walid Hanna précise que les accords d’investissement du fonds prévoient une clause par laquelle les actionnaires d’origine rachètent les parts du fonds à un multiple de 2,5 à 3 fois les cash-flows. L’autre option à laquelle songe Walid Hanna est une introduction en Bourse du fonds lui-même.

Berytech
Date de création : juillet 2007.
Taille : 6,75 millions de dollars.
TRI visé : 20 % annuel.
Ticket : minimum 100 000 dollars, maximum un million de dollars.
Management : Maroun Chammas.
Stratégie d’investissement : le fonds finance différents types de projets, y compris ceux  de jeunes entrepreneurs universitaires voire de certains lycéens. Il se veut « un accélérateur de succès »  selon l’expression de son PDG Maroun Chammas  en ce sens qu’il réduit pour l’entreprise les délais nécessaires à la croissance en injectant les fonds requis d’emblée.
La règle est de choisir des entreprises ayant un concept déjà prouvé, soit un produit et un client au minimum.
Le fonds peut toutefois déployer 10 % de ses ressources, dans des projets tout à fait nouveaux.
Il prend des positions minoritaires mais pas moins de 25 % et Cisco et Intel – investisseurs du fonds – sont consultés sur un grand nombre de dossiers. 
La durée de vie du fonds est de sept ans, avec deux ans d’extension possible.
Transactions : environ 10 % des 6,75 millions de dollars levés – plus qu’initialement  prévu – ont été investis à ce jour. Deux entreprises ont jusque-là bénéficié de 300 000 dollars environ chacune et un troisième investissement est en cours d’étude. Les investissements entrepris à ce jour comprennent : Edulab, une société qui crée des logiciels d’aide interactif aux élèves du type annales de bac (voir Le Commerce du Levant de septembre 2008) et Active Identity, une société dans le domaine de l’identification des fréquences radio.

Cedrus Ventures
Date de création : novembre 2009. Cedrus Venture a été créé par Michel Nehmé qui a recours à des investisseurs au cas par cas, en fonction des tours de table. Il n’a pas souhaité révéler qui sont les investisseurs derrière cette initiative nouvelle. Il s’agirait de particuliers fortunés et non d’institutionnels.
Management : Michel Nehmé.
Stratégie d’investissement : la société d’investissement se veut opportuniste, s’intéressant à tout secteur sauf ceux qui sont spéculatifs du type immobilier. Elle est prête à contribuer au financement de projets nouveaux dans la mesure où l’entrepreneur peut faire preuve d’un track record.
Cedrus Venture se dit également flexible quant à la stratégie de sortie, étant donné le contexte libanais. La société sélectionne donc des investissements qu’elle serait contente de conserver en portefeuille au cas où elle ne peut pas les céder.
Transactions : la société a déjà effectué en avril 2010 un premier investissement de 500 000 dollars dans NeurOs, une entreprise d’intelligence artificielle (voir encadré). Deux autres investissements sont actuellement a l’étude, dans le secteur des nouvelles technologies et de la distribution/grande consommation.


Building Block Fund-Bader
Date de création : mars 2006
Taille : 17 millions de dollars
TRI visé : 30 %
Ticket : 750 000 dollars
Management : en cours de renégociation
Stratégie d’investissement : le fonds avait initialement vocation à investir dans des PME ayant un chiffre d’affaires qui varie entre un demi million et cinq millions de dollars et plusieurs années d’existence. Il ne pouvait pas financer de start-ups. Ce principe est revu actuellement dans le cadre des discussions avec la nouvelle équipe de gestion ; il serait fort probable qu’une grande proportion du fonds soit allouée à du venture en ligne avec la vocation originelle de Bader, de soutien aux jeunes entrepreneurs libanais et de lutte contre l’émigration économique.  Lors de son lancement en 2006, le fonds affichait une prédilection pour le secteur des nouvelles technologies, des télécoms et des services ayant trait à la propriété intellectuelle (voir Le Commerce du Levant de décembre 2006)
Transactions : un premier investissement d’un million de dollars avait été engagé dans le secteur des nouvelles technologies,  avec le déboursement d’une première tranche de 250 000 dollars. Par la suite, l’accord a néanmoins été rompu par le fonds lui-même.

Ahli Investment Group et Argent, Riyada Ventures/Abraaj…

Date de création : début 2007. Des acteurs tels qu’Ahli Investment Group et Argent avaient annoncé respectivement la création de fonds d’une cinquantaine de millions de dollars – ciblant la banque, l’assurance, la distribution et le tourisme – et de deux cents millions de dollars entièrement dédiés au Liban. Ils n’ont jamais vu le jour. Les effets d’annonce sont encore nombreux. La réalité du marché n’est pas totalement en phase. Certains acteurs font néanmoins des entrées discrètes tels que Riyada Ventures/Abraaj. Il s’agit d’un fonds régional qui a choisi de cibler le Liban également. Il prend des participations minoritaires et vise des entreprises ayant un chiffre d’affaires de cinq à dix millions de dollars. Environ 40 % des montants alloués iront au secteur technologique, le reste vise le tourisme, le transport et la logistique, et le secteur hôtellerie/restauration.

 

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