Après trois ans d’absence, Monoprix revient au Liban en force, avec l’objectif affiché de redevenir leader de la distribution alimentaire.

L’enseigne Monoprix rouvre au Liban en 2011 à Jnah, Baabda, au CityMall, ainsi que dans un quatrième emplacement en cours de finalisation.
« Nous voulons redevenir leader sur le marché de la grande distribution alimentaire », précise le PDG d’Admic, Michel Abchée, qui avait retiré les enseignes Monoprix du Liban en 2008, en vendant ses emplacements au groupe koweïtien TSC pour une centaine de millions de dollars, et avait signé une clause de non-concurrence qui expire en juillet prochain.
En 2008, la transaction concernait la cession des emplacements (le Géant du CityMall, les Monoprix de Jnah, Baabda, Zouk, Verdun et Achrafié, ainsi que le BHV de Jnah) pas celle des enseignes. « TSC a aussi acheté un chiffre d’affaires de 140 millions de dollars, une clientèle ainsi que la sortie du leader de la distribution agroalimentaire pour une durée de trois ans », précise Abchée.
Cette durée étant écoulée, Admic a choisi de revenir en force sur le marché, en concurrence frontale avec son successeur koweïtien : le groupe a l’intention de s’implanter dans les mêmes emplacements qu’il juge stratégiques et de capter à nouveau une clientèle qui « est restée fidèle à Monoprix et à son offre variée ». Tant du côté des fournisseurs que du côté des clients, Michel Abchée estime que l’absence de Monoprix « n’a pas été comblée ». Il espère les reconquérir en capitalisant sur le savoir-faire acquis au Liban et consolidé à Dubaï au cours des trois dernières années.
L’objectif est aussi de se positionner à nouveau sur le marché avant l’arrivée d’un concurrent de taille : l’enseigne Carrefour du groupe Majed al-Futtaim qui s’établit à Hazmié.  
Admic va investir 40 millions de dollars au Liban pour ouvrir quatre magasins d’ici à 2012 et embaucher entre 300 et 400 personnes. Les premiers magasins seront situés à Baabda, à Jnah, juste à côté des anciennes enseignes désormais exploitées par TSC. Un “gourmet store” ouvrira également au CityMall, le centre commercial créé et exploité par le groupe Admic qui affiche une croissance de 22 % en 2010. « Nous lançons sur ce créneau la nouvelle génération de magasins : Dubaï et Beyrouth sont les villes incontournables pour lancer les nouveaux concepts au Moyen-Orient. »
Au total, le groupe qui exploite aussi le BHV (au CityMall et bientôt à Jnah à nouveau) espère au moins doubler son chiffre d’affaires au Liban (hors CityMall). Il devrait passer de 40 millions de dollars actuellement à 80-100 millions en 2012.
« Nous nous retrouvons dans un marché davantage concurrentiel, mais nous sommes désormais positionnés comme un acteur régional », explique Michel Abchée.
Admic détient aussi la franchise Monoprix pour la Syrie et la Jordanie. Un magasin a été inauguré en octobre à Damas et un autre doit suivre à Alep. « Nous visons un chiffre d’affaires de 60 millions de dollars pour 2012 en Syrie, moyennant un investissement de 10-15 millions de dollars afin d’y ouvrir trois à quatre supermarchés, annonce Abchée. Même si le pouvoir d’achat syrien est en moyenne inférieur à celui du Liban, le nombre de personnes qui correspondent à notre cible y est supérieur, en valeur absolue. »
Au total, le groupe, qui a développé les enseignes Galeries Lafayette et Lafayette Gourmet à Dubaï, espère porter son chiffre d’affaires dans la distribution alimentaire de 110 millions de dollars pour l’exercice 2010 (clôture en mars 2011) à 200-220 millions de dollars en 2012.
Parmi les projets signés à ce stade pour la période 2012-2013 figure déjà une enseigne Galeries Lafayette et/ou Lafayette Gourmet à Abou Dhabi, précise Abchée.
Le capital du groupe Admic est réparti entre la famille Abchée et divers actionnaires, dont les familles Malas, Jaroudi et Daouk. Dix pour cent du capital est saoudien et dix autres pour cent sont détenus par la SFI (Société financière internationale, groupe Banque mondiale).