Le touriste étranger détenteur d’un visa libanais, jordanien, syrien ou turc doit pouvoir se déplacer librement dans ces quatre pays : tel est l’objectif principal d'une réunion quadripartite qui se tiendra à Beyrouth entre les ministres du Tourisme des pays concernés les 11 et 12 janvier 2011, a annoncé le ministre Fadi Abboud, lors d’une conférence de presse tenue lundi.

Une telle démarche devrait faciliter la mise en place de circuits touristiques intégrés, a expliqué Abboud. Il faudrait aussi améliorer les moyens de transport aériens et terrestres entre les pays concernés, a-t-il ajouté.

Interrogé sur les risques pour le secteur touristique libanais d’être engloutis par le « géant touristique turc », Abboud a reconnu que l'abolition des visas entre les deux pays a bénéficié davantage à la partie turque. « L’afflux de  touristes libanais en Turquie a été beaucoup plus important que l’entrée de visiteurs turcs au Liban », a-t-il indiqué. Mais à long terme, le Liban en sortira gagnant car il a une grande capacité à fidéliser les visiteurs, a estimé Abboud.

Pour sa part, le président de la Fédération des établissements touristiques au Liban, Pierre Achkar, a expliqué les raisons de ce déséquilibre par le peu d'intérêt des tours opérateurs pour le Liban, en raison de l'instabilité politique. « Les opérateurs proposent des offres alléchantes dans des pays comme l’Egypte et la Turquie, allant de 300 à 600 dollars pour trois ou quatre nuits. Pour pouvoir le faire, ils achètent des nuitées une année à l’avance, ce qu'ils ne sont pas en mesure de faire au Liban».

Selon lui, les prix des hôtels libanais sont pourtant plus accessibles que ceux des hôtels turcs. « En haute saison, une chambre quatre étoiles coûte 150 à 160 dollars au Liban, contre 280 à 320 dollars en Turquie ». Achkar a affirmé que le tarif moyen des hôtels 4 et 5 étoiles dans la capitale est actuellement de 232,5 dollars, avec un taux d’occupation de 79,9%.

«Aujourd'hui, au Liban, les tours organisés ne constituent que 3% de l’ensemble de l’activité touristique», a renchérit Abboud. Afin d’augmenter cette proportion, il faudrait montrer que le Liban n’est pas uniquement une destination pour les riches, il est aussi une destination pour la classe moyenne. Ainsi, «un séjour à 700 dollars pour une semaine dans des hôtels en montagne» est tout à fait possible, a-t-il expliqué.

La réunion des ministres du Tourisme est l'une des premières réunions quadripartite depuis le lancement du Haut conseil de coopération stratégique en juin 2010.

Elle devrait être précédée par une réunion des ministres du Transport le mercredi 5 janvier, selon l’agence Petra, et devrait être suivie par celle des ministres de l’Economie à Damas le 20 février prochain, selon le ministère libanais de l’Economie.

La cadence des réunions quadripartites s’est accélérée depuis la signature de l’accord de libre-échange entre la Turquie et le Liban en novembre 2010. Le Liban et la Turquie étaient en effet les deux derniers pays à ne pas avoir signé d'accords entre eux.