Une poignée d’habitants prive, sans aucune raison valable, l’ensemble de la population d’un projet électrique vital pour le Liban, qui est la ligne de haute tension. C’est ainsi qu’a résumé le ministre de l’Energie l’affaire du tronçon inachevé à Mansourieh à cause de l’opposition des riverains.

La ligne de transmission électrique 220 KV a été déployée sur plus de 1247 kilomètres dans toutes les régions du pays, mais le dernier tronçon, d’une longueur de 1,9 kilomètre, n’a toujours pas été raccordé.
L’affaire dure depuis des années en raison des risques sanitaires évoquées par les résidents et la récupération politique dont elle fait l’objet.
 
Alors qu’en réalité seuls sept bâtiments résidentiels sont concernés, se situant entre 10 et 16 mètres du lieu de passage des lignes, dont aucune école, a indiqué Bassil dans une conférence de presse  tenue en présence du ministre de la Santé, Mohammed Jawad Khalifé et du PDG d’EDL,  Kamal Hayek.
 
Des enjeux considérables
L’enjeu du projet est pourtant de taille. Si la boucle n’est pas achevée, le réseau n’est pas stable.
Il ne peut donc pas transporter une capacité supplémentaire que ce soit à travers les importations ou l’augmentation de la  production de 700 MW prévue dans les années à venir. « Nous ne pouvons pas synchroniser le réseau avec celui des pays voisins, alors que nous sommes en discussion avec la Turquie et l’Iran pour nous fournir environ 400 MW d’ici à l’été prochain », a indiqué Bassil.
 
Il est également impossible de répartir équitablement le courant entre les différentes parties du pays. Quant aux régions de Mkalles, Beit Mery, Hazmieh et Sin el Fil, elles sont particulièrement pénalisées car elles sont privées de la station de Mkalles.
Enfin, l’instabilité du réseau accroit le gaspillage technique et coûte à EDL entre 1 et 1,5 million de dollars par an. 
 
Un risque inférieur à celui du téléphone portable
Ces enjeux seraient balayés si le risque sanitaire mis en avant par les riverains était réel, a poursuivi le Bassil.
Selon le ministre de la Santé,  qui a pris la parole à son tour, une commission composée d’experts locaux et internationaux, notamment de l’Organisation mondiale de la santé, ainsi que de professeurs et de médecins a été chargée en 2005 de se pencher sur toutes les études internationales relatives à l’impact des champs électromagnétiques sur la santé publique.
 
Une seule étude, controversée,  a fait état d’une augmentation du nombre de cas d’un certain type de leucémie chez les enfants, en cas de très forte exposition à des champs électromagnétiques.
« D’abord seuls 49.000 cas de cette maladie sont recensés  chaque année dans le monde, a expliqué Khalifé. Ensuite, nous avons recensés les cas au Liban et aucun d’entre eux ne résidait dans une zone abritant des lignes haute tension. La commission a donc conclu que le réseau libanais, qui ne dégage pas un champs électromagnétique très fort,  ne comporte pas de danger pour la santé », a-t-il conclu.
Une autre étude menée à la  suite d’une plainte  déposée par une école à Koura a abouti  à la même conclusion.
 
Au nom du principe de précaution, l’Union européenne a toutefois recommandé un seuil maximal d’exposition quotidienne aux champs électromagnétique de 100 micro teslas.
Or la ligne de haute tension libanaise dégage à pleine capacité un maximum de 2,2 micro teslas, contre une moyenne de 10 micro teslas pour une télévision, 50 micro teslas pour une rasoir électrique, et 20 pour le téléphone portable, selon des documents présentés par Gebran Bassil. « Les lignes de haute tension sont déployées dans des zones résidentielles dans toutes les pays du monde, y compris la France, car il n’y a pas de risques sanitaires établis, mais des appréhensions purement psychologiques », a-t-il ajouté.
 
Pas d’alternatives  
Malgré l'absence de preuves scientifiques, « nous avons essayé d’étudier les autres alternatives », a-t-il poursuivi. La première est de modifier le tracé. Les équipes d’EDL ont toutefois abouti à la conclusion que le tracé initial est celui qui épargne le plus les habitations.
 
La deuxième est d’enfouir les lignes sous terre, comme à Beyrouth et ou à Tripoli où même les lignes basses tensions sont enterrées. D’abord lorsqu’une maison est construite au dessus d’une ligne haute tension enterrée, le champ électromagnétique  auquel elle est exposée est supérieur à celui d’une  résidence située près d’une ligne installée à une hauteur de plus 50 mètres, a-t-il souligné.
 
Ensuite, relier des pylônes de plus de 50 mètres au niveau sous terrain est techniquement impossible dans la région de Mansourieh car il faudrait faire passer des lignes au travers des routes. Les lignes sous terraines sont également très couteuses, « mais ce facteur n’est pas entré en compte », a assuré Bassil.
 
« Au nom du principe d’égalité entre citoyens, je ne comprend pas pourquoi cette ligne serait déployée  dans toutes les régions du Liban et pas à Mansourieh. Les pylônes passent dans  de nombreuses zones résidentielles, rien qu’au Metn il y a Bsalim, Rabieh, Dik el Mehdi, Awkar et pleins d’autres », a-t-il conclu.