Les économistes libanais s’accordent à dire que les évènements en Syrie auront des répercussions sur l'économie libanaise.
« Il ne fait aucun doute que la crise politique syrienne va avoir un impact sur le Liban, souligne Kamal Hamdan, directeur du Consultation and Research Institute. Mais il est encore trop tôt pour évaluer les conséquences exactes et quantifier le ralentissement économique strictement lié à la situation en Syrie ».
A court terme, ce sont les exportations libanaises qui seront les plus affectées car 30% d'entre elles transitent par la Syrie, seul pays avec qui le Liban partage une frontière terrestre ouverte.
L’annonce faite par les autorités jordaniennes de la fermeture des frontières avec la Syrie le lundi 25 avril inquiète les industriels libanais qui craignent des retards de livraisons, des pertes de journées de travail et l’arrivée à expiration de certains produits alimentaires non vendus.
Les échanges directs entre le Liban et la Syrie présentent également « des premiers signes de ralentissements », ajoute le président de l’association des industriels, Neemat Frem.
« Nous ne sommes pas encore en mesure de chiffrer la baisse, mais les importateurs syriens commencent à faire face à des problèmes au niveau de l'ouverture de lettres de crédits bancaires pour garantir le paiement aux exportateurs libanais ».
L’économiste Toufik Gaspard tempère toutefois l'impact d'une baisse de la demande syrienne sur le tissu productif libanais, en soulignant que les échanges entre les deux pays sont relativement faibles. En 2010, les importations industrielles syriennes au Liban s’élevaient à 340 millions de dollars et les exportations libanaises en Syrie à 220 millions de dollars. « La part des échanges commerciaux entre les deux pays n’est pas très importante par rapport à leur PIB respectifs. Ils représentent environ 5% pour le Liban, donc il n’y a pas d'inquiétudes majeures de ce point de vue-là» explique Gaspard.
Mais au delà de l'aspect commercial, si la crise perdure dans le pays voisin, les conséquences sur le Liban à moyen et long terme sont plus inquiétantes.
« Cela concerne dans un premier temps le secteur des services et des banques libanaises implantées en Syrie, mais aussi le mouvement de la main d’œuvre syrienne qui risque de prendre de l’ampleur, souligne Kamal Hamdan. On pourrait assister à un afflux de Syriens au Liban ou au contraire un départ massif, qui affecterait certains secteurs comme celui de la construction ».
Une instabilité pronlongée pourrait également porter un coup au tourisme et aux investissements directs étrangers.
« Car pour les investisseurs étrangers comme pour les touristes, ces deux pays vont de paire et une Syrie instable signifie un Liban instable », conclut-il.


