« Le niveau des échanges commerciaux entre la Syrie et le Liban, même en tenant compte de la contrebande, est faible ». Telle est la principale conclusion d’une récente étude portant sur la période 1996 – 2009 réalisée par l’économiste Toufic Gaspard à la demande de l’ancien ministre de l’Economie et du Commerce, Mohammad Safadi.

Analysant l’ensemble des échanges entre les deux pays, dans les domaines du commerce, des services et de la finance, il démontre l’importance des liens entre les deux économies, avant le début des troubles en Syrie.

Malgré la signature d’accords de coopération qui, depuis 1991, a facilité les échanges commerciaux entre les deux pays, le solde de la balance commerciale du Liban et de la Syrie était estimé en 2009 à moins de 4% de la somme de leur PIB. Ce chiffre intègre la contrebande, qui selon les estimations constitue la moitié des échanges commerciaux entre les deux pays. Ce ratio est faible si on le compare au commerce entre pays européens qui représente 66% de leur PIB ou même au commerce entre pays arabes qui s’établit à 10% du PIB.
Les barrières aux échanges sont en effet nombreuses, même si les droits de douane ont globalement diminué sur la période étudiée. Toufic Gaspard évoque entre autres la lenteur et l’inefficacité des procédures douanières, le coût du transport et l’importance des paiements informels.

En dehors du commerce, les échanges entre la Syrie et le Liban sont dominés par les transferts financiers. Selon les estimations, les travailleurs syriens présents au Liban auraient ainsi envoyé environ 1,6 milliard de dollars en Syrie au cours de l’année 2009. Le Liban a recours à une nombreuse main d’œuvre syrienne, estimée à 610 000 travailleurs en 2009, selon les calculs de Toufic Gaspard. Ces derniers sont pour 75% d’entre eux employés dans le secteur du bâtiment.

En matière financière, les investissements du Liban en Syrie, sont majoritairement réalisés sous forme d’IDE, par des institutions privées alors que les investissements syriens au Liban sont surtout le fait de particuliers. Cependant ceux-ci sont plus importants en valeur, car plus anciens, atteignant selon l’économiste plus d’un milliard de dollars quand les investissements libanais en Syrie sont estimés à quelques centaines de millions de dollars. En novembre 2010, les dépôts bancaires des Syriens dans les banques libanaises atteignaient 21 milliards de dollars.

Tourisme, santé, éducation, les domaines dans lesquels les deux économies sont liées sont nombreux. Mais les données manquent. Globalement, selon les estimations de Toufic Gaspard, « quels que soient le signe ou le montant de la balance des paiements, il est peu probable qu’elle soit significativement favorable à l’un ou l’autre des pays ».