Avec un million de litres vendus sous les marques Oslo et Milk entre Beyrouth et Los Angeles, Nayla Audi n’a plus à prouver qu’elle est la reine de la glace ! Un produit sur lequel elle a désormais décidé de concentrer toute son énergie, après s’être essayée au développement de concepts plus variés, notamment la restauration.
2011 sera donc l’année de l’agrandissement de son “laboratoire” à Mar Mikhaël qui devrait doubler de superficie pour atteindre les 600 m2 et du lancement d’une première boutique aux États-Unis. Nayla Audi explique ce choix : « Les glaces représentent 75 % du chiffre d’affaires d’Oslo (qui a aussi des gâteaux). C’est un produit congelé que je peux contrôler et décliner à l’infini. » D’où des parfums inattendus tels que le poivre du Népal, la bière 961, ou la freekeh. L’objectif est de créer deux séquences de production de glaces qui permettront de quadrupler le volume actuel qui s’élève à 200 000 litres et d’exporter ses produits dans les pays arabes pour tester ces nouveaux marchés.
Nayla Audi a commencé l’aventure d’Oslo en investissant 25 000 dollars, « le prix de la turbine » et débuté avec un employé. Aujourd’hui, elle propose 80 parfums de glaces, 300 gâteaux, emploie 22 personnes et fournit plus de 80 hôtels et restaurants tous positionnés dans le segment haut de gamme. Le développement a toujours été autofinancé.
Nayla Audi explique son succès par l’amour d’un produit authentique (ses glaces sont préparées avec des fruits frais, de l’eau minérale et des ingrédients 100 % naturels) et le « sens de l’industrie » légué par un grand-père industriel dans la métallurgie. Après des études en sciences politiques à l’AUB, puis une année à Columbia à New York, « ma gourmandise et mon obsession de l’industrie prennent le pas sur le reste », se souvient-elle. Installée à Los Angeles, elle crée des tartes au chocolat avant de rentrer au Liban en 1994 et de lancer trois ans plus tard Oslo qui fournit des glaces à l’Atlas Café, concept de café-restaurant qu’elle a créé « sans le vouloir », et qui opère jusqu’en 2000. En 2005, elle développe le concept du restaurant Gruen qu’elle quitte en août 2010. Cette même année, elle ajoute la corde de consultante à son arc et collabore au développement du café Ginette rue Gouraud en concevant le menu et en installant un comptoir Oslo où elle vend ses glaces et desserts.
Entre-temps, Nayla Audi décide de tester ses glaces à l’étranger et choisit la Californie qu’elle connaît bien pour y avoir vécu. C’est ainsi qu’elle ouvre Milk à Los Angeles qui emploie aujourd’hui 32 personnes et dont le ticket moyen avoisine les 12 dollars. Elle y vend des mets salés et sucrés, surtout ses glaces, dont les recettes sont identiques à celles d’Oslo, mais promues sous le nom Milk. Sa stratégie repose sur la création d’un label et l’offre d’« un rapport qualité/prix sans pareil ». Dès sa première année d’opération, Milk engendre le double du chiffre d’affaires d’Oslo.
Forte de ce succès, elle souhaiterait créer d’autres comptoirs “sur-mesure” au Liban et d’y augmenter ses points de vente, aujourd’hui au nombre de cinq. Elle planifie d’ouvrir en 2012 une boutique Milk en Californie qui servira de pilote pour une expansion aux États-Unis : l’objectif est de lancer dans un délai de deux ans 10 à 15 boutiques dans les plus grandes villes américaines, ainsi qu’une unité de production centralisée et semi-industrielle. Ces projets nécessitent un investissement de 10 millions de dollars que Nayla Audi a bon espoir de réunir : « J’ai établi les fondements de l’édifice ; le travail ne fait que commencer. »