À l’heure d'aller sous presse, le sort du gouvernement formé il y a à peine trois mois semblait des plus menacés. L’adoption du plan proposé par le ministre de l’Électricité pour rétablir le courant 24 heures sur 24 est le motif apparent de la chute éventuelle du cabinet Mikati. Difficile de dire quel sera réellement l’avenir de la nouvelle “majorité” parlementaire née en janvier. Une chose est sûre, sur le plan économique, que ce soit en matière de politique énergétique ou autre, ni les différentes composantes de la majorité ne partagent les mêmes options ni les composantes de la “minorité”. Et à écouter les comptes-rendus des séances du Conseil des ministres et des débats des commissions parlementaires, il est très fréquent que les divergences se retrouvent aussi dans les rangs des représentants d’une même formation politique.
Or, ces divergences ne sont généralement pas motivées par de véritables considérations techniques, une grande partie de la classe politique libanaise actuelle étant le plus souvent inculte en matière économique.
Quelle que soit l’issue de cet épisode, il prouve une nouvelle fois que les dirigeants libanais sont en réalité totalement imperméables aux enjeux socioéconomiques de leurs décisions, ou le plus souvent, de leur incapacité à prendre des décisions.
Certes les enjeux purement “politiques” qui motivent officiellement les comportements de tel ou tel camp sont nobles, étant donné la conjoncture régionale et les problématiques nationales non résolues. Mais au prétexte de leur accorder la priorité ce sont le plus souvent des considérations purement politiciennes qui priment, au détriment de l’intérêt général dans lequel la composante socioéconomique est prépondérante.
Une désinvolture que le “peuple” libanais subit année après année sans réagir.