Laisser 50% de l’humanité en dehors du développement économique et des décisions politiques n’est plus concevable, estime la Banque mondiale. La réduction des inégalités de genre doit donc selon elle constituer un objectif majeur du développement, car plus les femmes sont parties prenantes de l’économie, plus la productivité augmente, selon un rapport intitulé “Gender Equality and Development” rendu public lundi 19 septembre.

Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, des progrès importants ont été réalisés pour réduire la mortalité des filles et des femmes et leur permettre d’avoir accès à l’université. Lors d’une conférence de presse, le co-directeur du rapport Sudhir Shetty a précisé qu’il y avait désormais davantage de jeunes femmes dans les universités de la région que de jeunes hommes.

Cependant, de profondes inégalités demeurent dans l’accès aux opportunités économiques. La moyenne mondiale du taux d'activité des femmes est de 52%: ce taux n'atteint que 26% au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Et le Liban se situe encore en dessous de la moyenne régionale, puisque d'après le ministère du Travail, le taux d'activité des Libanaises ne culmine qu'à 22%.

Les femmes libanaises qui travaillent tendent à être plus jeunes et mieux éduquées que leurs homologues masculins, d’après une étude de la Banque mondiale datant de 2009. Quelque 65% des employées détiennent un diplôme universitaire, contre seulement 46% des employés. Elles ont en moyenne 31 ans, contre 35 ans pour les hommes.

Les femmes semblent conscientes des qualités de leurs pairs, puisque les femmes entrepreneurs ont tendance à favoriser davantage l’emploi des femmes que les hommes. Dans les entreprises dirigées par des femmes, 47% des employés sont des femmes, alors que dans les entreprises dirigées par des hommes, elles ne représentent que 34% des effectifs.

Mais de nombreux facteurs les empêchent d'accéder à des postes élevés. Au Liban, s’occuper des tâches ménagères et des enfants reste majoritairement dévolu aux femmes. Elles sont nombreuses à arrêter de travailler quand elles fondent une famille. En effet, 68% des Libanaises qui travaillent sont célibataires, un pourcentage qui tombe à 51% pour les hommes, selon les chiffres de la Banque mondiale. Si les mentalités jouent un rôle non négligeable, le manque de service à la petite enfance est aussi un facteur important.

La Banque mondiale préconise donc dans son rapport 2012 l’instauration de politiques publiques efficaces afin d’améliorer l’accès des femmes non seulement à l’emploi, mais aussi aux postes à haut niveau de responsabilités : discrimination positive, instauration de quotas, programme de coaching professionnel, et infrastructures adaptées pour que les femmes – ainsi que les hommes - puissent concilier vie professionnelle et vie de famille, les solutions doivent être multiples afin de favoriser l'emploi des femmes, nécessaire au développement économique.