En juillet 2011, Chypre perdait 60 % de sa production électrique à l’issue d’un accident ayant endommagé la principale centrale de l’île. Les Chypriotes ont été obligés de vivre avec le rationnement. Quelques mois seulement. Immédiatement mobilisées, les autorités ont décidé de construire une autre unité de production, tout en poursuivant en parallèle le développement d’une stratégie énergétique à long terme, liée à la découverte de gisements gaziers dans sa zone maritime.
La comparaison avec la situation libanaise est frappante. Le pays s’apprête à vivre un rationnement record, à peine plus de 40 % de la demande d’électricité étant en mesure d’être satisfaite à l’approche de l’été. Et le gouvernement continue de se payer le luxe de tergiverser sur l’opportunité des investissements à réaliser dans le secteur. Chaque dollar investi contribuerait pourtant à économiser les centaines de millions de billets verts de pertes sèches supportées par les contribuables au titre du déficit d’EDL. Combler ce trou budgétaire béant et rétablir le courant produiraient un choc positif majeur tant sur les finances publiques que sur l’économie…
S’il est incapable de mettre en œuvre le niveau le plus élémentaire d’une politique énergétique - assurer la production de courant -, comment croire dans ces conditions que le Liban pourra mener à bien un projet aussi important que l’exploration des gisements gaziers en eaux profondes probablement situés au large de Beyrouth ? Sans gouvernance adéquate, le potentiel pétrolier du Liban a toutes les chances de se transformer en malédiction. C’est en tout cas l’un des avertissements énoncé lors d’une conférence à l’Université américaine de Beyrouth consacrée à ce sujet. Le cadre légal et réglementaire élaboré à ce stade n’est pas en cause, mais bien la capacité collective des pouvoirs publics à gérer un processus révolutionnaire pour l’économie du Liban.